mardi 2 juin 2020

Petit bateau, petit budget, "l'exploit" d'un navigateur autour du monde (Article)



Un Nouvel article consacré à Yann QUENET et à son exploit a été publié par RFI et Le Télégramme (édition du 2 juin 2020).


Son voilier de quatre mètres, qu'il a conçu et construit lui-même pour 4.000 euros, ressemble à une coquille de noix. Pourtant, Yann Quénet vient de traverser deux océans à bord de son "Baluchon" et déconfine à Hiva Oa, aux Marquises (Polynésie française).
Traverser l'Atlantique et le Pacifique avec un tel bateau, "c'est un vrai exploit", assure à l'AFP le navigateur Yvan Bourgnon, pour qui "Baluchon" "est un vrai petit bijou". 

Le défi de départ? Construire un voilier en 400 heures pour 4.000 euros en vue de faire le tour du monde. Le défi et "le budget bateau-équipement ont été respectés", confirme Yann Quénet, Breton de Saint-Brieuc, contacté par Messenger. 

Le marin concède cependant "1.500 euros supplémentaires" pour une balise de détresse, un pilote automatique et des panneaux solaires....



Un tel budget, poursuit-il, "implique (que je n'ai) pas de moyen de communication avec la terre et pas de météo. J'ai uniquement utilisé le GPS d'une tablette classique avec la cartographie gratuite en open source comme moyen de navigation".

"Pas de moteur à bord, juste une voile et une godille", complète-t-il. Pas besoin de prendre des ris quand le vent forcit, la voile s'enroule autour du mât.
Quant à l'eau, en l'absence de dessalinisateur, "je me suis rationné à deux litres par jour".

- "L'Optimist de la course au large" -

"Son voilier, c'est la simplicité absolue, c'est l'Optimist de la course au large", résume Yvan Bourgnon, en référence au petit dériveur conçu au lendemain de la seconde guerre mondiale sur lequel les jeunes mousses font encore aujourd'hui leurs premières gammes. 

"Mon rêve, c'est de faire le tour du monde à la voile mais sans contrainte", explique le solitaire, 50 ans, qui, dans la vie ordinaire, conçoit et vend des plans de navires à des particuliers. "Pour moi, avoir un gros bateau demande vraiment trop de temps et d'énergie, c'est compliqué et stressant. Avoir un bateau plus simple, paradoxalement, ouvre la voie à la liberté et au voyage", dit celui qui a effectué plusieurs transats sur des voiliers conventionnels.

Pour ce petit quillard rouge et blanc, à la proue rectangulaire pour ne pas enfourner dans la vague, entièrement construit en contre-plaqué de 9 mm, "tout a été très bien pensé. Ça répond à ce que voulait Yann, une autonomie maximale", explique Hervé Le Merrer, un autre "aventurier" des mers, comme il se définit. 

- "ça paraît parfois irréel"-

"Bien sûr, l'espace est compté (...) Mais il a conçu un superbe petit bateau qui va faire parler de lui", prédit Didier Corfec, préparateur de Bourgnon et vieil ami de Yann Quénet. Car, tractable sur remorque, "Baluchon" a aussi la capacité de "revenir sur sa quille automatiquement s'il se retourne"!

Pour Yvan Bourgnon,"non seulement il a tout fait lui-même depuis le premier coup de crayon, mais en plus, on ne peut pas faire le tour du monde manière plus écolo (...) C'est énorme ce qu'il est en train de réaliser". 

Parti à l'automne des Canaries, Yann Quénet s'est posé un peu en Guadeloupe avant d'emprunter le canal de Panama et de se lancer à l'assaut du Pacifique: 44 jours de mer, dont "plus de 30 jours sans avoir de ses nouvelles" jusqu'à l'arrivée à Hiva Oa, rappelle Hervé Le Merrer. 

L'autonomie recherchée a payé. "Je n'ai jusqu'à présent pas rencontré de difficultés techniques majeures. Comme le bateau est simplifié au maximum, tout a marché parfaitement", constate Yann Quénet.

Et la récompense est là: "Voir son petit voilier qu'on a conçu et construit soi-même dévaler à toute vitesse les grandes vagues de l'océan, voir apparaître à l'horizon des îles lointaines dont on a rêvé depuis toujours, tout ça procure un véritable sentiment de joie, ça paraît même parfois irréel, tellement c'est intense!".

A vrai dire, le confinement, à part l'espace réduit de son bateau, Yann Quénet l'a à peine connu. Aux Marquises, c'est l'heure du déconfinement. Et plus tard l'attendent l'Australie et le cap de Bonne Espérance.

Retour prévu en Bretagne en 2022.

jeudi 28 mai 2020

Baluchon profite de son carénage en baie de Tahauku à Hiva Oa ( Marquises)


Quelques belles images de Yann QUENET et de Baluchon qui retrouvent enfin un peu de liberté à Hiva Oa, avec en prime une petite vidéo !

Cliquez sur l'image pour visionner la Vidéo

Une partie de godille pour rentrer au port
Cliquez sur l'image pour accéder à la vidéo


vendredi 15 mai 2020

Nouvelle interview de Yann Quenet


EXPLOIT. Un voilier de 4 mètres dans le Pacifique : nouvelles images et interview de Yann Quenet ! [Nouvel article dans Voiles et Voiliers]

Une aventure hors norme ! Yann Quenet, quinquagénaire breton, vient de rejoindre les îles Marquises à bord d’un (très) petit voilier à nez rond baptisé Baluchon. Après une traversée de l’Atlantique et un passage rocambolesque du canal de Panama, Yann veut poursuivre sa route à travers le Pacifique en direction de l’Ouest… Voiles et Voiliers a interviewé cet aventurier hors cadre qui nous a aussi offert de nouvelles images. Regardez et lisez-ça, c’est dingue!
Cadre paradisiaque et aide locale chaleureuse, des ingrédients idéaux pour attaquer quelques travaux de maintenance.
Cadre paradisiaque et aide locale chaleureuse, des ingrédients idéaux pour attaquer quelques travaux de maintenance.

Voiles et Voiliers : Comment se passe votre séjour depuis votre arrivée aux Marquises ?
 
Yann Quenet : La vie sur l’île est vraiment super. Les habitants sont d’une hospitalité incroyable. Il y a de nombreuses balades à faire, avec des treks de bon niveau. C’est idéal pour se remettre en forme et se refaire les jambes pour la suite du voyage. J’ai pu mettre pied à terre deux jours seulement après mon arrivée, une fois que les autorités ont pu vérifier que j’avais bien passé 44 jours en mer sans avoir eu de contact entre-temps avec la terre. La seule chose qui m’a vraiment gênée jusqu’ici, c’est le couvre-feu qui avait été mis en place chaque soir à 20 h mais il vient d’être levé. Les rassemblements en gros comité et le confinement n’ont pas été trop contraignants contrairement aux équipages des bateaux arrivés avant moi. Ils ont été obligés de rester plus longtemps à bord. Moi, j’ai eu de la chance car je suis parti de Panama juste avant le début du confinement général et je suis arrivé aux îles Marquises juste à la fin des principales mesures de contrainte.
"La navigation inter-îles n’est pas encore autorisée même si cela ne devrait plus tarder"
 
Un simple élévateur a suffi pour soulever les 400 kilos du petit Baluchon.

Voiles et Voiliers : Est-ce que cela veut dire que vous êtes autorisé à renaviguer ?

Yann Quenet : Oui mais dans un périmètre limité. La navigation inter-îles n’est pas encore autorisée même si cela ne devrait plus tarder. Pour l’instant les bateaux présents à Hiva Oa peuvent s’aventurer autour de l’île dans un rayon de 2 milles en arborant un pavillon spécifique, qui atteste de l’origine de leur lieu de départ.
 
Pas besoin d’une grosse équipe pour prendre soin du petit scow aux grandes ambitions. | 

jeudi 14 mai 2020

Prévisions Météo

Plusieurs moyens s'offrent aux navigateurs pour prévoir les conditions météo plusieurs sites en lignes
permettent de voir les prévisions Météo actualisées:

Météo France propose des bulletins avec des cartes de front pour le secteur de la Polynésie française


Le site Passage Weather permet de visualiser des cartes de vents, vagues et pressions mais aussi des indications de visiblité et température de l'eau, Il est possible de visualiser l'animation de l'évolution sur une semaine.[ Pour les Marquises choisir les prévisions couvrant des Iles Fiji- Marquises dans le Pacifique sud]



Le site Windy permet de visualiser en temps réel une animation des prévisions météo ( vent, vagues...) sur 7 jours. Il permet aussi de visualiser l'animation en fonction d'une route choisie [ Exemple de tracé Hiva Oa - Ile Tutuila ( Samoa): critère vagues sélectionné]

Cliquer sur l'image pour accéder à l'animation

Si toutefois vous ne disposez pas d'une connexion internet, le site OpenCPN vous propose un logiciel gratuit qui vous renseigne selon les dates des directions de vents, courants, cyclones en fonction de  de probabilités de prédictions basées sur des observations. Ce logiciel permet d'évaluer la déclinaison (10°40' E pour Hiva Oa), de tracer une route, d'en évaluer une distance, un cap et une durée d’étape. [Exemple d'une étape entre Hiva Oa et Tutuila (SAMOA)]


D'autres outils informatiques et Gps existent par ailleurs; les outils présentés ici sont accessibles à tous mais ne remplacent pas notamment des outils de localisation et de cartographie indispensables.

Christophe EVEN

mercredi 13 mai 2020

"Climatologie d'un tour du monde"


En dehors des variations météorologiques locales ou quotidiennes, il convient de prendre en considération les principes de climatologie pour comprendre le choix des routes empruntées par les circumnavigateurs. Les deux critères principaux dans ce choix étant les vents et les courants marins.







L’interaction de ces 2 paramètres sur la navigation, sont de 2 types:

Un voilier ne peut pas naviguer face au vent ("vent debout") et certaines allures sont plus propices à la vitesse (grand largue notamment).


Il apparait aisé de comprendre qu'il est plus facile d'aller dans le sens du courant [appelé plus communément le "tapis roulant océanique"], les confrontations des courants et du vent engendrent des mers agitées avec des risques de vagues déferlantes.

La combinaison des critères favorables du vent et du courant est illustrée par la carte des principales routes empruntées par les voiliers.


Les phénomènes météo saisonniers particuliers de chaque zone (cyclones, tempêtes), permettent par ailleurs d'appréhender les périodes favorables à la navigation.



Christophe EVEN

mardi 12 mai 2020

Carénage de Baluchon



Yann nous a raconté dans sa dernière étape Panama- Hiva Oa l'apparition d'anatifes sur sa coque, qui le ralentissait, et l'avait obligé de plonger dessous la coque en pleine mer, pour en retirer le plus gros.

Après 9000 milles parcourus, Baluchon est sortit de l'eau pour un nettoyage / anti-fooling.


Le voilà tout propre, prêt à continuer son voyage à travers l'océan Pacifique; il reste près de 5000 milles jusqu'au détroit de Torrès ( détroit entre l'Australie et la Papouasie Nouvelle Guinée).

lundi 11 mai 2020

Géographie de l'Océanie



L' Océan Pacifique est sans contexte le plus vaste du monde, il est partagé entre le Pacifique sud et le Pacifique nord, entre le détroit de Béring et le Cap Horn, du nord au sud et des côtes américaines et la mer de Corail, d'Est en Ouest.
 
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/pacifique/Pacifique-carte.htm

De nombreuses nations peuplent les milliers d'îles et atolls du Pacifique et l'on évoque cette partie du monde comme le continent ayant le moins de terres submergées au nom d' Océanie

http://www.deepzoom.com/index.html#about 

L'ile d' Hiva Oa fait partie de l'archipel des Marquises en Polynésie française.


La Polynésie française est un pays d'outre mer (POM) située dans la partie orientale du triangle polynésien; dans la partie occidentale de la Polynésie se trouvent Wallis et Futuna qui forment une collectivité d'outre mer (COM) française.


Située dans la mer de Corail, la Nouvelle Calédonie  est intégrée quant à elle à la Mélanésie .

Christophe EVEN

mercredi 6 mai 2020

Carte interactive du trajet de Yann QUENET et Baluchon

Carte interactive [en évolution] permettant d' illustrer les étapes du voyage de Yann et de Baluchon: Cliquez sur les trajets parcourus ou points d'étape pour accéder aux articles du blog correspondants.


mardi 5 mai 2020

Après l’Atlantique et le Pacifique, Yann veut finir son tour du monde sur son mini voilier

Après avoir traversé l’Atlantique puis le Pacifique sur son voilier de 4 mètres, Yann Quenet vient de révéler à notre journaliste son intention de boucler son tour du monde à bord de son Baluchon. Toujours en quatorzaine à Hiva Oa, dans l’Archipel des Marquises qu’il a rejoint le 27 avril dernier à bord de son micro Scow de sa conception, le Breton Yann Quenet revient sur ses motivations, ses choix radicaux et sa philosophie… bien trempée. 

( article voiles et voiliers du 5/05/2020)

Cliquer pour accéder à l'article

dimanche 26 avril 2020

Marquises [ 9° 8' S 139° W ]

Clic



Cliquez



Hommage chaleureux de la station de sauvetage en mer de Hiva Oa






"Petit exploit ce week-end à Hiva Oa avec l'arrivée du voilier Baluchon. Son chef de bord, Yann Quenet, a quitté Panama le 15 mars... pour arriver le 27 avril. Surtout, la dimension du voilier est impressionnante : 4 mètres. 

Bravo donc pour ce petit exploit digne des clins d’œil maritimes que peuvent régulièrement connaître les îles Marquises. 


Et merci à Caroline et Jérôme du voilier Roxy pour cette jolie photographie révélatrice du sentiment de puissance de la "Terre des Hommes" que rappellent les sommets marquisiens aux navigateurs en approche."



"sauveteur qui donne l'alerte"


CLIC


Récit de la traversée Panama- Les Marquises ( Ile de Hiva Oa)

Résumé de la traversée Panama/les Marquises (un peu d'indulgence pour l'orthographe et les ponctuations c'est encore une fois écrit avec le téléphone) je publierai un texte plus corrigé et une compilation un peu plus tard pour ceux que ça intéressent

15 mars 2020, je commence à en avoir ma claque du Panama, en plus de m'avoir complètement séché avec leurs tarifs pour millionnaires, c'est une galère sans nom pour avoir le Check-out et la clearance permettant de pouvoir sortir enfin du pays. à cause du corona virus, les services portuaires et d'immigration ne délivrent plus rien (à part bien sûr de lâcher un bon billet, en ce cas, un fonctionnaire bien gras emprunte le tampon du bureau et viens au bar d'à côté te faire les papiers illégaux et anti datés (en plus il faut lui payer une Corona au passage)) je ne suis décidément vraiment pas fait pour ça, je décide de mettre les voiles en mode pirate sans autorisation advienne que pourra...

Je serre un peu les fesses quand même en quittant le mouillage, il y a la police du canal qui patrouille sans arrêt et j'aimerais bien ne pas avoir affaire à eux une nouvelle fois, j'essaie de me faire le plus petit possible (c'est pas dur je sais) c'est plus fort que moi mais dès que j'entends le bruit d'une vedette rapide je rentre encore plus la tête dans les épaules dans l'espoir d'être encore plus discret (c'est un peu con c'est vrai) Avec très peu de vent, je slalome entre les immenses cargos au mouillage progressant tant bien que mal vers le large et la liberté, en fin de journée, le vent et la nuit me font enfin disparaître du royaume des policiers et des bandits, adios Panama ! à nous deux le Pacifique ! ça fait un bout de temps que j'en rêvais de ce foutu Pacifique, j'ai du mal croire que j'y suis enfin, c'est tout juste si je me sens encore pisser tellement je suis content d'y être.


L' alizé redevient mon ami et me pousse tranquillement vers l'archipel des Galapagos et vers l'hémisphère sud (en fait je n'ai pas l'intention de m'arrêter aux Galapagos où les autorisations d'escales sont fastidieuses, mais ça fait tout de même un point de chute en cas de problème)
Après dix jours de nave pépère, je rencontre la difficulté majeure de la traversée: le pot au noir, c'est une zone carrément merdique situé au niveau de l'équateur qui délimite les alizés de l'hémisphère Nord et les alizés de l'hémisphère Sud (les intellos appellent ça la ZIC zone intertropicale de convergences) ; les vents y sont très faibles et de directions variables accompagnés souvent de grains assez violents, au temps de la marine à voile c'était le cauchemar des marins, on pouvait y rester encalminé des semaines, de nos jours le pot au noir ne dérange plus grand monde, un bon coup de moteur et quelques dizaines de litres de gas-oil et hop l'affaire est réglée, il n'y a plus guère que pour les coureurs au large et pour certains hurluberlus qui n'ont pas de moteur où les difficultés sont encore présentes.

Finalement je m'en démerde pas trop mal de cet enquiquineur de pot au noir mais il faut être vigilant tout le temps pour ne pas se faire surprendre par un de ces fameux grains qui peuvent descendre le mat ou déchirer la voile en un rien de temps ce qui serait fâcheux pour le reste du voyage. Au bout d'à peine trois jours à la barre sans pratiquement dormir, je passe sous un magnifique double arc en ciel complet, porte de l'hémisphère sud et des alizés du même nom, je vois déjà la Polynésie et les vahinés me faire des grands signes, je suis à deux doigts de me faire dessus tellement j'ai la banane.
En fait dès les premiers jours, les difficultés commencent, le pacifique et l'hémisphère Sud ça se mérite quand même un peu, je commence à avoir gravement besoin de sommeil, mais je me fais enquiquiner pendant pratiquement deux jours par une flotte de pêche qui n'arrête pas d'écumer la mer dans tous les sens, m'obligeant à manœuvrer sans cesse pour les éviter, y'a vraiment pas moyen d'être peinard, si c'était pour retrouver ça, j'aurais mieux fait de rester naviguer en Manche ! Les bateaux pissent la rouille de partout, certains n'ont pas de signal AIS et mettent à l'eau d'immenses filets munis de bouées lumineuses, je pense qu'il s'agit d'une flottille de chalutiers Chinois mais ça pourrait être tout aussi bien des chalutiers péruviens ou équatoriens. 
https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/bateau-echoue-a-arutua-les-habitants-s-impatientent-829778.html
Bateau échoué à Arutua

 
Qu'elle horreur ! J'ai dû m'endormir, mon Baluchon est couché sur le sable, j'ai beau le pousser de toutes mes forces, il ne bouge pas d'un centimètre, il est tout bonnement échoué, j'aperçois deux silhouettes sur la plage, je fais des grands signes pour demander de l'aide, vu les circonstances j'aurais bien aimé trouver deux rugbymen, mais en l'occurrence c'est deux superbes filles en maillot de bain, l'une a un fusil harpon sur l'épaule et l'autre tient un balaise de poisson au bout du bras, je leur explique en polonais que j'aimerais bien qu'elles m'aident à pousser mon bateau, avant de m'apercevoir que je ne parle pas Polonais et qu'il est peu probable qu'elles le comprennent en retour, je me remet à pousser le bateau avec l'espoir qu'elles comprendrons ce que j'attends d'elles. C'est alors que la fille au harpon me prend par la main et m' entraîne vers les dunes toutes proches, sa copine me sourit et me fait un clin d'œil comme si j'étais le plus beau mec du monde (rien que là ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille) on se dirige ensuite tous les trois vers une sorte village composé de huttes d'où sort des dizaines d'autres filles tout aussi bien gaulées que mes deux guides, ho la vache !


Au centre du village, la fille qui me tenait la main m'attache à un poteau qui devait se trouver là par hasard, toutes les filles se mettent alors à m'observer, certaines me prennent en photo avec leurs smartphones où est dessiné un étrange symbole, une sorte de pomme à moitié croquée, l'une des filles, vêtue d'un tee-shirt rose bonbon où il est inscrit shoping avec des paillettes me regarde comme si elle allait me dévorer tout en faisant des bulles avec son chewing-gum et en tournicotant une de ses couettes avec son doigt, je ne sais pas pourquoi mais je commence à avoir très très chaud. Puis l'ensemble des filles se mettent à chanter une sorte de complainte et commencent à tourner en rond autour de moi.

AIDE NOUS À PAYER LES TRAITES DU DERNIER MONOSPACE ET DE LA NOUVELLE MACHINE À LAVER.

Mon sourire jusque là béat commence à baisser légèrement, d'autant que je m'aperçois que je suis attaché super serré et que ça va pas être facile de se sortir de ce merdier...
C'est alors que je me réveille en sursaut, il me faut pas mal de temps pour comprendre que je ne suis pas sur une île avec des filles super canon en maillot de bain mais à l'intérieur de mon bateau qui danse la danse de Saint Guy au beau milieu du pacifique, je hisse la tête dans un demi sommeil par le capot pour voir: plus de chinois en vue, tout va pour le mieux.

Les jours se suivent ensuite milles après milles en père peinard sans incident notoire , je repense quelques fois avec nostalgie à l'île au filles, le reste du temps je lis, j'écoute de la musique et des podcasts, c'est pas vraiment la vie de galérien.



Mais je constate quand même que jours après jours la distance parcourue quotidiennement diminue de plus en plus, ça me contrarie un peu, en me baissant par dessus bord je m'aperçois que la coque en entièrement recouverte d’anatifes une sorte de mollusque caoutchouteux très dur à décoller, Doux jésus ! ni une ni deux j'enroule la voile, enfile mon masque et mon tuba et plonge pour gratter toutes ces horreurs de mollusques, au bout d'une bonne heure d'effort je commence à retrouver une coque à peu près propre, je remonte à bord assez satisfait de moi, et recommence à vaquer à mes petites affaires quand j'entends un peu plus tard un grand coup dans le gouvernail, que passa ? Puis un autre coup, je me penche et je vois un requin qui essaye de chopper quelque chose sous la coque il a l'air très énervé le garçon, il n'est pas immense, dans les 2 mètres tout jaune avec des ailerons blancs, il a l'air de s'intéresser très fort à quelque chose situé sous le bateau mais même moi qui adore nager je n'ai aucune envie de voir de quoi il en retourne, je n'ose même pas imaginer si j'étais tombé nez à nez avec lui pendant ma séance de grattage, finalement je décide que dorénavant je vais éviter de plonger, même si je met quelques jours de plus pour traverser, c'est quand même moins embêtant que d'avoir un bout de bras ou de jambe en moins.

Et puis finalement, comme ça au bout de 44 jours de navigation qui m'a semblé plus ou moins réelle, l'île d'Hiva Oa est apparue un beau matin en plein milieu de l'océan , je me suis demandé sur le coup si c'était bien la réalité (peut-être suite au souvenir d'une certaine autre île) j'ai du mal a croire que j'y suis vraiment, il va me falloir sûrement plusieurs jours avant de redescendre sur terre.



Arrivé au mouillage d'Atuana, je suis super bien accueilli par les autres bateaux, ça fait plusieurs semaines que suite au Corona virus, la Polynésie met les bateaux entrant en quarantaine avec interdiction de descendre à terre pendant 14 jours et interdiction de quitter l'île, une sorte de solidarité s'est mise en place entre les navigateurs confinés, on m'annonce la nouvelle mais on me dit que les mesures sont en train d'être assouplies, on m'apporte de la nourriture ça tombe bien car il ne me restait presque plus rien à manger à bord, des fruits, des œufs de la bière bien fraîche, du chocolat le tout dans le plus joli décor qui puisse être, cette fois c'est sûr je suis bien tombé au paradis et il est bien réel celui là :-)


Vidéos de Yann Quénet 
 Rencontre avec une mouette

 L'arrivée est proche

https://www.facebook.com/yann.quenet.5/videos/2417744848466148/



Suite de l'aventure au prochain épisode... Yann QUENET




mercredi 11 mars 2020

Traversée de Panama entre Océans Atlantique et Pacicifique




Récit de mon arrestation loufoque (attention c'est vraiment très drôle)
 


Ça y est j'y suis presque, le pacifique est tout proche, la traversée de l'isthme par la route a été un peu stressante car la remorque est rafistolée de partout, un des pneus est à plat ce qui n'est pas
vraiment adapté à l'état complètement pourri des routes, mais bon ça l'a fait, le chauffeur qui ne décroche pas un mot garde son flegme,l'auto radio braille à fond de la musique latino.

Ambiance Latino
Cliquez sur l'image pour "l'ambiance Latino"



Pour la mise à l'eau c'est assez radical, mon chauffeur qui était jusqu'à présent tout calme recule à toute vitesse sur la cale, la remorque est entièrement dans l'eau mais aussi presque la moitié du pick up, (je ne sais pas trop si c'est très bon de faire prendre un bain de mer à des voitures même à des Toyota) bref Baluchon retrouve son élément, ce n'est pas encore vraiment le pacifique c'est l'estuaire mais on aperçoit un peu plus loin un immense pont qui doit marqué le point de départ de l'océan

C'est marrée haute, avec un gros coef, il y'a plus de deux nœuds de courant qui m’emmène tranquillement vers le mouillage de Balboa, je donne juste quelques coups de godilles de temps en temps pour la forme mais globalement c'est le courant qui me pousse, j’évite soigneusement de passer les bouées du chenal, où c'est un balai incessant de remorqueurs et de cargos qui passent dans tous les sens.

Enfin je passe sous ce fameux pont ça y est j'y suis presque, j’aperçois des voiliers au mouillage c'est là que je compte passer la nuit, tout à coup une vedette rapide de police arrive pleine balle vers moi, un flic me gueule un truc en espagnol, je capte pas et je fais ce que je sais le mieux faire dans la vie, je fais le benêt innocent, ça marche très souvent mais là ça énerve visiblement l'autre policier qui me hurle en anglais de prendre ma vhf ! ma quoi ? J'ai pas de truc comme ça à bord ! C'est obligatoire dans le canal qu'il me crit, (c'est là que je me dis que le coup du benêt ça va pas trop marcher cette fois) en fait j'ai bien un vhf portable au fond de mon sac de sécurité, mais la batterie est naze, je sors quand même l'engin et montre que j'ai bien une vhf tout comme les autres vrais
bateaux, je fais même semblant d'écouter dedans pour montrer que je suis un marin sérieux, ça à l'air de calmer les deux flics du bord, ils me demandent d’où je viens et où je vais comme ça, je leur explique en utilisant mon plus mauvais anglais (plus mauvais que mon meilleur anglais qui est vraiment très faible) je continu tranquillement ma route à la barre, poussé par le courant, le
mouillage n'est plus qu'a deux cent mètres, un des deux flics qui pourrait facilement jouer dans une série américaine tellement il est caricaturale me demande mon passeport, je lui donne, le mouillage
n'est plus qu'a 150 mètres, les deux lascars étudient mon passeport, je leur souris niaisement OK STOP YOUR ENGINE ! qu'ils me disent hey mais j'ai pas de moteur !

Les mecs ouvrent une gueule pas possible, l'un d'eux hurle C'EST OBLIGATOIRE D'AVOIR UN MOTEUR DANS LE CANAL ! Le mouillage n'est plus qu'a 100 mètres, la vedette m'accoste sans
ménagement, les flics me prennent les amarres et me remorque, c'est un peu brutal certes mais sur le moment je pense naïvement qu'il vont m'emmener sur une des bouées de mouillage, sympa quand même ! 

Et bien pas du tout la vedette démarre en trombe et fait demi tour, le pauvre baluchon rebondi sur la coque de la vedette, les amarres couinent , je suis remorqué pleine balle vers une zone
militaire située de l'autre coté du canal, sur le trajet les gars me redemandent trois ou quatre fois mon passeport et si j'ai des armes à bord, mais aussi les papiers du bateau, bien sûr j'ai des papiers
pour le bateau mais c'est une simple carte de navigation côtière mais ça il ne sont pas censé le savoir, et comme je suis prêt de la côte...).
Arrivé à la base, c'est assez folklo une dizaine de militaires sont là en uniforme mais contrairement aux deux flics qui ressemble plus à des bouledogue, ils ne font pas peur du tout, la moyenne d'age
doit être de 18 ans il me prennent tous en photo avec leur portable et rigolent entre eux, un si petit bateau ils en ont sûrement jamais vu, les flics de leur coté se détendent en peu mais c'est pas encore
la franche rigolade, il me demande encore une fois si j'ai des armes a bord, je répond pas d'armes pas de cigarettes pas d'alcool j'ai failli rajouter pas de prostitués mais comme je ne maîtrise pas encore très bien l'humour panaméen, je m'abstiens.
On attend comme ça une bonne heure, je me fais tranquillement un thé pendant que tout le monde palabre sur la vedette à couple, je ne sais pas ce qu'ils attendent, j’attends par solidarité avec eux.
OK, on va fouiller votre bateau dit un des flic, oui sans problème que je répond, j'ai un peu de mal à garder mon sérieux quand même.

Je commence enfin à comprendre pourquoi ça mettait tant de temps, personne ne voulait rentrer dans un si petit bateau pour l'inspecter, du coup ils ont dû jouer une partie de carte pour designer lequel des jeunes militaires aurait le privilège de monter à bord, pas de bol pour lui c'est les plus grand qui a perdu et qui se tape la corvée d’inspection, il met des gants en plastique et un masque et rentre tant bien que mal dans le bateau, je suis plié rire en voyant se grand lascar d'1,90 m en train d'essayé d'ouvrir tous les containers de bouffe, je n'ose pas prendre une photo mais c'est vraiment très drôle, j'essaye de regarder ailleurs pour ne pas éclater de rire mais les flics m'ordonnent quasiment la main sur le flingue de regarder (ça doit être une sorte de procédure je suppose) pour
rajouter du cocasse à la situation les remorqueurs qui passent sans cesse à fond dans le canal font des vagues courtes et brutales, le pauvre baluchon n' arrête pas de gigoter en rebondissant sur la
coque de la vedette, j’espère que mon inspecteur ne va pas avoir le mal de mer et me faire des gros pâtés partout.

Après dix bonnes minutes mon lascar sort enfin du bateau, ses copains se marrent comme des baleines et le prennent en photo, lui il a le sourire jusqu'au lèvres d'être enfin sorti.
Mais les deux flics eux ne rigolent pas vraiment (ça doit être dans leur nature) ils m'explique qu'ils vont me ramener là ou mon bateau à été mis à l'eau et que je dois trouver une remorque pour me
déposer plus loin vers l'océan, je fais semblant de ne pas trop comprendre.
Il fait maintenant nuit, je suis remorqué toujours pleine balle vers la cale de mise à l'eau, où j'ai obligation de jeter l'ancre.
Je passe un début de nuit un peu secoué, les remorqueurs font des vagues gigantesques, baluchon roule comme un fou. Mais je finis par m'échouer (5m de marnage c'est presque comme à la maison)
dans un confortable fond de vase, le bateau devient super stable j'en profite pour mater et installer toutes les manœuvres.

Au petit matin, je décide d'aller à terre pour me signaler comme si de rien était au flic qui gère la mise à l'eau des bateaux, j'y vais à la nage dès que je met un pied sur la rive, je tombe sur un énorme
panneau signalant qu'il est interdit de se baigner à cause des crocodiles glupps.
Je tombe sur une petite fliquette bien charmante qui m'autorise verbalement à prendre la mer (c'est assez dingue je trouve, il y'a des policiers partout au Panama pourtant c'est un des pays les moins
sûr du monde) bref je regagne mon bord et remonte l'ancre en espérant ne pas rencontrer de nouveaux mes copains les cow-boys du canal.


Après une petite nave d'une heure en serrant un peu les fesses, j'arrive enfin aux bouées du yacht club de Balboa, heureusement pour moi, les cow-boys devaient faire la grasse mat je n'ai pas été
embêté, maintenant je suis enfin aux portes du pacifique, l'aventure continue.... Yann QUENET