dimanche 26 avril 2020

Récit de la traversée Panama- Les Marquises ( Ile de Hiva Oa)

Résumé de la traversée Panama/les Marquises (un peu d'indulgence pour l'orthographe et les ponctuations c'est encore une fois écrit avec le téléphone) je publierai un texte plus corrigé et une compilation un peu plus tard pour ceux que ça intéressent

15 mars 2020, je commence à en avoir ma claque du Panama, en plus de m'avoir complètement séché avec leurs tarifs pour millionnaires, c'est une galère sans nom pour avoir le Check-out et la clearance permettant de pouvoir sortir enfin du pays. à cause du corona virus, les services portuaires et d'immigration ne délivrent plus rien (à part bien sûr de lâcher un bon billet, en ce cas, un fonctionnaire bien gras emprunte le tampon du bureau et viens au bar d'à côté te faire les papiers illégaux et anti datés (en plus il faut lui payer une Corona au passage)) je ne suis décidément vraiment pas fait pour ça, je décide de mettre les voiles en mode pirate sans autorisation advienne que pourra...

Je serre un peu les fesses quand même en quittant le mouillage, il y a la police du canal qui patrouille sans arrêt et j'aimerais bien ne pas avoir affaire à eux une nouvelle fois, j'essaie de me faire le plus petit possible (c'est pas dur je sais) c'est plus fort que moi mais dès que j'entends le bruit d'une vedette rapide je rentre encore plus la tête dans les épaules dans l'espoir d'être encore plus discret (c'est un peu con c'est vrai) Avec très peu de vent, je slalome entre les immenses cargos au mouillage progressant tant bien que mal vers le large et la liberté, en fin de journée, le vent et la nuit me font enfin disparaître du royaume des policiers et des bandits, adios Panama ! à nous deux le Pacifique ! ça fait un bout de temps que j'en rêvais de ce foutu Pacifique, j'ai du mal croire que j'y suis enfin, c'est tout juste si je me sens encore pisser tellement je suis content d'y être.


L' alizé redevient mon ami et me pousse tranquillement vers l'archipel des Galapagos et vers l'hémisphère sud (en fait je n'ai pas l'intention de m'arrêter aux Galapagos où les autorisations d'escales sont fastidieuses, mais ça fait tout de même un point de chute en cas de problème)
Après dix jours de nave pépère, je rencontre la difficulté majeure de la traversée: le pot au noir, c'est une zone carrément merdique situé au niveau de l'équateur qui délimite les alizés de l'hémisphère Nord et les alizés de l'hémisphère Sud (les intellos appellent ça la ZIC zone intertropicale de convergences) ; les vents y sont très faibles et de directions variables accompagnés souvent de grains assez violents, au temps de la marine à voile c'était le cauchemar des marins, on pouvait y rester encalminé des semaines, de nos jours le pot au noir ne dérange plus grand monde, un bon coup de moteur et quelques dizaines de litres de gas-oil et hop l'affaire est réglée, il n'y a plus guère que pour les coureurs au large et pour certains hurluberlus qui n'ont pas de moteur où les difficultés sont encore présentes.

Finalement je m'en démerde pas trop mal de cet enquiquineur de pot au noir mais il faut être vigilant tout le temps pour ne pas se faire surprendre par un de ces fameux grains qui peuvent descendre le mat ou déchirer la voile en un rien de temps ce qui serait fâcheux pour le reste du voyage. Au bout d'à peine trois jours à la barre sans pratiquement dormir, je passe sous un magnifique double arc en ciel complet, porte de l'hémisphère sud et des alizés du même nom, je vois déjà la Polynésie et les vahinés me faire des grands signes, je suis à deux doigts de me faire dessus tellement j'ai la banane.
En fait dès les premiers jours, les difficultés commencent, le pacifique et l'hémisphère Sud ça se mérite quand même un peu, je commence à avoir gravement besoin de sommeil, mais je me fais enquiquiner pendant pratiquement deux jours par une flotte de pêche qui n'arrête pas d'écumer la mer dans tous les sens, m'obligeant à manœuvrer sans cesse pour les éviter, y'a vraiment pas moyen d'être peinard, si c'était pour retrouver ça, j'aurais mieux fait de rester naviguer en Manche ! Les bateaux pissent la rouille de partout, certains n'ont pas de signal AIS et mettent à l'eau d'immenses filets munis de bouées lumineuses, je pense qu'il s'agit d'une flottille de chalutiers Chinois mais ça pourrait être tout aussi bien des chalutiers péruviens ou équatoriens. 
https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/bateau-echoue-a-arutua-les-habitants-s-impatientent-829778.html
Bateau échoué à Arutua

 
Qu'elle horreur ! J'ai dû m'endormir, mon Baluchon est couché sur le sable, j'ai beau le pousser de toutes mes forces, il ne bouge pas d'un centimètre, il est tout bonnement échoué, j'aperçois deux silhouettes sur la plage, je fais des grands signes pour demander de l'aide, vu les circonstances j'aurais bien aimé trouver deux rugbymen, mais en l'occurrence c'est deux superbes filles en maillot de bain, l'une a un fusil harpon sur l'épaule et l'autre tient un balaise de poisson au bout du bras, je leur explique en polonais que j'aimerais bien qu'elles m'aident à pousser mon bateau, avant de m'apercevoir que je ne parle pas Polonais et qu'il est peu probable qu'elles le comprennent en retour, je me remet à pousser le bateau avec l'espoir qu'elles comprendrons ce que j'attends d'elles. C'est alors que la fille au harpon me prend par la main et m' entraîne vers les dunes toutes proches, sa copine me sourit et me fait un clin d'œil comme si j'étais le plus beau mec du monde (rien que là ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille) on se dirige ensuite tous les trois vers une sorte village composé de huttes d'où sort des dizaines d'autres filles tout aussi bien gaulées que mes deux guides, ho la vache !


Au centre du village, la fille qui me tenait la main m'attache à un poteau qui devait se trouver là par hasard, toutes les filles se mettent alors à m'observer, certaines me prennent en photo avec leurs smartphones où est dessiné un étrange symbole, une sorte de pomme à moitié croquée, l'une des filles, vêtue d'un tee-shirt rose bonbon où il est inscrit shoping avec des paillettes me regarde comme si elle allait me dévorer tout en faisant des bulles avec son chewing-gum et en tournicotant une de ses couettes avec son doigt, je ne sais pas pourquoi mais je commence à avoir très très chaud. Puis l'ensemble des filles se mettent à chanter une sorte de complainte et commencent à tourner en rond autour de moi.

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Mon sourire jusque là béat commence à baisser légèrement, d'autant que je m'aperçois que je suis attaché super serré et que ça va pas être facile de se sortir de ce merdier...
C'est alors que je me réveille en sursaut, il me faut pas mal de temps pour comprendre que je ne suis pas sur une île avec des filles super canon en maillot de bain mais à l'intérieur de mon bateau qui danse la danse de Saint Guy au beau milieu du pacifique, je hisse la tête dans un demi sommeil par le capot pour voir: plus de chinois en vue, tout va pour le mieux.

Les jours se suivent ensuite milles après milles en père peinard sans incident notoire , je repense quelques fois avec nostalgie à l'île au filles, le reste du temps je lis, j'écoute de la musique et des podcasts, c'est pas vraiment la vie de galérien.



Mais je constate quand même que jours après jours la distance parcourue quotidiennement diminue de plus en plus, ça me contrarie un peu, en me baissant par dessus bord je m'aperçois que la coque en entièrement recouverte d’anatifes une sorte de mollusque caoutchouteux très dur à décoller, Doux jésus ! ni une ni deux j'enroule la voile, enfile mon masque et mon tuba et plonge pour gratter toutes ces horreurs de mollusques, au bout d'une bonne heure d'effort je commence à retrouver une coque à peu près propre, je remonte à bord assez satisfait de moi, et recommence à vaquer à mes petites affaires quand j'entends un peu plus tard un grand coup dans le gouvernail, que passa ? Puis un autre coup, je me penche et je vois un requin qui essaye de chopper quelque chose sous la coque il a l'air très énervé le garçon, il n'est pas immense, dans les 2 mètres tout jaune avec des ailerons blancs, il a l'air de s'intéresser très fort à quelque chose situé sous le bateau mais même moi qui adore nager je n'ai aucune envie de voir de quoi il en retourne, je n'ose même pas imaginer si j'étais tombé nez à nez avec lui pendant ma séance de grattage, finalement je décide que dorénavant je vais éviter de plonger, même si je met quelques jours de plus pour traverser, c'est quand même moins embêtant que d'avoir un bout de bras ou de jambe en moins.

Et puis finalement, comme ça au bout de 44 jours de navigation qui m'a semblé plus ou moins réelle, l'île d'Hiva Oa est apparue un beau matin en plein milieu de l'océan , je me suis demandé sur le coup si c'était bien la réalité (peut-être suite au souvenir d'une certaine autre île) j'ai du mal a croire que j'y suis vraiment, il va me falloir sûrement plusieurs jours avant de redescendre sur terre.



Arrivé au mouillage d'Atuana, je suis super bien accueilli par les autres bateaux, ça fait plusieurs semaines que suite au Corona virus, la Polynésie met les bateaux entrant en quarantaine avec interdiction de descendre à terre pendant 14 jours et interdiction de quitter l'île, une sorte de solidarité s'est mise en place entre les navigateurs confinés, on m'annonce la nouvelle mais on me dit que les mesures sont en train d'être assouplies, on m'apporte de la nourriture ça tombe bien car il ne me restait presque plus rien à manger à bord, des fruits, des œufs de la bière bien fraîche, du chocolat le tout dans le plus joli décor qui puisse être, cette fois c'est sûr je suis bien tombé au paradis et il est bien réel celui là :-)


Vidéos de Yann Quénet 
 Rencontre avec une mouette

 L'arrivée est proche

https://www.facebook.com/yann.quenet.5/videos/2417744848466148/



Suite de l'aventure au prochain épisode... Yann QUENET




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