Construction de Baluchon

Construction de Baluchon
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mercredi 11 mars 2020

Traversée de Panama entre Océans Atlantique et Pacicifique




Récit de mon arrestation loufoque (attention c'est vraiment très drôle)
 


Ça y est j'y suis presque, le pacifique est tout proche, la traversée de l'isthme par la route a été un peu stressante car la remorque est rafistolée de partout, un des pneus est à plat ce qui n'est pas
vraiment adapté à l'état complètement pourri des routes, mais bon ça l'a fait, le chauffeur qui ne décroche pas un mot garde son flegme,l'auto radio braille à fond de la musique latino.

Ambiance Latino
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Pour la mise à l'eau c'est assez radical, mon chauffeur qui était jusqu'à présent tout calme recule à toute vitesse sur la cale, la remorque est entièrement dans l'eau mais aussi presque la moitié du pick up, (je ne sais pas trop si c'est très bon de faire prendre un bain de mer à des voitures même à des Toyota) bref Baluchon retrouve son élément, ce n'est pas encore vraiment le pacifique c'est l'estuaire mais on aperçoit un peu plus loin un immense pont qui doit marqué le point de départ de l'océan

C'est marrée haute, avec un gros coef, il y'a plus de deux nœuds de courant qui m’emmène tranquillement vers le mouillage de Balboa, je donne juste quelques coups de godilles de temps en temps pour la forme mais globalement c'est le courant qui me pousse, j’évite soigneusement de passer les bouées du chenal, où c'est un balai incessant de remorqueurs et de cargos qui passent dans tous les sens.

Enfin je passe sous ce fameux pont ça y est j'y suis presque, j’aperçois des voiliers au mouillage c'est là que je compte passer la nuit, tout à coup une vedette rapide de police arrive pleine balle vers moi, un flic me gueule un truc en espagnol, je capte pas et je fais ce que je sais le mieux faire dans la vie, je fais le benêt innocent, ça marche très souvent mais là ça énerve visiblement l'autre policier qui me hurle en anglais de prendre ma vhf ! ma quoi ? J'ai pas de truc comme ça à bord ! C'est obligatoire dans le canal qu'il me crit, (c'est là que je me dis que le coup du benêt ça va pas trop marcher cette fois) en fait j'ai bien un vhf portable au fond de mon sac de sécurité, mais la batterie est naze, je sors quand même l'engin et montre que j'ai bien une vhf tout comme les autres vrais
bateaux, je fais même semblant d'écouter dedans pour montrer que je suis un marin sérieux, ça à l'air de calmer les deux flics du bord, ils me demandent d’où je viens et où je vais comme ça, je leur explique en utilisant mon plus mauvais anglais (plus mauvais que mon meilleur anglais qui est vraiment très faible) je continu tranquillement ma route à la barre, poussé par le courant, le
mouillage n'est plus qu'a deux cent mètres, un des deux flics qui pourrait facilement jouer dans une série américaine tellement il est caricaturale me demande mon passeport, je lui donne, le mouillage
n'est plus qu'a 150 mètres, les deux lascars étudient mon passeport, je leur souris niaisement OK STOP YOUR ENGINE ! qu'ils me disent hey mais j'ai pas de moteur !

Les mecs ouvrent une gueule pas possible, l'un d'eux hurle C'EST OBLIGATOIRE D'AVOIR UN MOTEUR DANS LE CANAL ! Le mouillage n'est plus qu'a 100 mètres, la vedette m'accoste sans
ménagement, les flics me prennent les amarres et me remorque, c'est un peu brutal certes mais sur le moment je pense naïvement qu'il vont m'emmener sur une des bouées de mouillage, sympa quand même ! 

Et bien pas du tout la vedette démarre en trombe et fait demi tour, le pauvre baluchon rebondi sur la coque de la vedette, les amarres couinent , je suis remorqué pleine balle vers une zone
militaire située de l'autre coté du canal, sur le trajet les gars me redemandent trois ou quatre fois mon passeport et si j'ai des armes à bord, mais aussi les papiers du bateau, bien sûr j'ai des papiers
pour le bateau mais c'est une simple carte de navigation côtière mais ça il ne sont pas censé le savoir, et comme je suis prêt de la côte...).
Arrivé à la base, c'est assez folklo une dizaine de militaires sont là en uniforme mais contrairement aux deux flics qui ressemble plus à des bouledogue, ils ne font pas peur du tout, la moyenne d'age
doit être de 18 ans il me prennent tous en photo avec leur portable et rigolent entre eux, un si petit bateau ils en ont sûrement jamais vu, les flics de leur coté se détendent en peu mais c'est pas encore
la franche rigolade, il me demande encore une fois si j'ai des armes a bord, je répond pas d'armes pas de cigarettes pas d'alcool j'ai failli rajouter pas de prostitués mais comme je ne maîtrise pas encore très bien l'humour panaméen, je m'abstiens.
On attend comme ça une bonne heure, je me fais tranquillement un thé pendant que tout le monde palabre sur la vedette à couple, je ne sais pas ce qu'ils attendent, j’attends par solidarité avec eux.
OK, on va fouiller votre bateau dit un des flic, oui sans problème que je répond, j'ai un peu de mal à garder mon sérieux quand même.

Je commence enfin à comprendre pourquoi ça mettait tant de temps, personne ne voulait rentrer dans un si petit bateau pour l'inspecter, du coup ils ont dû jouer une partie de carte pour designer lequel des jeunes militaires aurait le privilège de monter à bord, pas de bol pour lui c'est les plus grand qui a perdu et qui se tape la corvée d’inspection, il met des gants en plastique et un masque et rentre tant bien que mal dans le bateau, je suis plié rire en voyant se grand lascar d'1,90 m en train d'essayé d'ouvrir tous les containers de bouffe, je n'ose pas prendre une photo mais c'est vraiment très drôle, j'essaye de regarder ailleurs pour ne pas éclater de rire mais les flics m'ordonnent quasiment la main sur le flingue de regarder (ça doit être une sorte de procédure je suppose) pour
rajouter du cocasse à la situation les remorqueurs qui passent sans cesse à fond dans le canal font des vagues courtes et brutales, le pauvre baluchon n' arrête pas de gigoter en rebondissant sur la
coque de la vedette, j’espère que mon inspecteur ne va pas avoir le mal de mer et me faire des gros pâtés partout.

Après dix bonnes minutes mon lascar sort enfin du bateau, ses copains se marrent comme des baleines et le prennent en photo, lui il a le sourire jusqu'au lèvres d'être enfin sorti.
Mais les deux flics eux ne rigolent pas vraiment (ça doit être dans leur nature) ils m'explique qu'ils vont me ramener là ou mon bateau à été mis à l'eau et que je dois trouver une remorque pour me
déposer plus loin vers l'océan, je fais semblant de ne pas trop comprendre.
Il fait maintenant nuit, je suis remorqué toujours pleine balle vers la cale de mise à l'eau, où j'ai obligation de jeter l'ancre.
Je passe un début de nuit un peu secoué, les remorqueurs font des vagues gigantesques, baluchon roule comme un fou. Mais je finis par m'échouer (5m de marnage c'est presque comme à la maison)
dans un confortable fond de vase, le bateau devient super stable j'en profite pour mater et installer toutes les manœuvres.

Au petit matin, je décide d'aller à terre pour me signaler comme si de rien était au flic qui gère la mise à l'eau des bateaux, j'y vais à la nage dès que je met un pied sur la rive, je tombe sur un énorme
panneau signalant qu'il est interdit de se baigner à cause des crocodiles glupps.
Je tombe sur une petite fliquette bien charmante qui m'autorise verbalement à prendre la mer (c'est assez dingue je trouve, il y'a des policiers partout au Panama pourtant c'est un des pays les moins
sûr du monde) bref je regagne mon bord et remonte l'ancre en espérant ne pas rencontrer de nouveaux mes copains les cow-boys du canal.


Après une petite nave d'une heure en serrant un peu les fesses, j'arrive enfin aux bouées du yacht club de Balboa, heureusement pour moi, les cow-boys devaient faire la grasse mat je n'ai pas été
embêté, maintenant je suis enfin aux portes du pacifique, l'aventure continue.... Yann QUENET


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