Construction de Baluchon

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vendredi 28 mai 2021

TARA TARI : Un petit voilier pour une grande traversée contre vents et marées avec Capucine Trochet (émission "Le temps d'un Bivouac", France Inter, le 23 janvier 2021

 

Cliquer sur la photo pour accéder l'émission en replay

Au départ il y a un projet un peu fou, de ceux qui suscitent effroi ou admiration selon les regards. Ce projet c’est celui de Capucine Trochet : traverser l’Atlantique avec un petit bateau de pêche fait de jute et de matériaux de récupération. Le petit voilier, Tara Tari, n’est clairement pas conçu pour une telle traversée mais c’est la seule embarcation avec laquelle Capucine Trochet se sent capable de traverser l’océan. Cette idée lui vient alors qu’elle est au plus mal, terrassée par les souffrances que lui impose une maladie génétique rare...

  

 PAROLES

Garde le cap, tord le cou / Aux maudits qui disent qu’il n’y a rien au bout / Que la vie sur Terre c’est pas du bateau /Tu sais qu’après la mer y’a l’Eldorado / Ce bateau, ma bricole C’est un peu de moi que je rafistole / Le sel sur ma peau c’est ma pommade / Et toi tu tiens bon camarade / Tara Tari Je te confie ma vie / Mon bateau, oh ma béquille / Là-bas, ici La force des petits /  Du courage jusqu’à l’Infini / Sous le vent qui dévoile  / Dans l’eau de la nuit notre belle étoile / De vague en vague Vogue la vie bleu / Adieu va t’ A tous les deux / Tara Tari Je te confie ma vie Mon histoire, ma famille  / Là-bas, ici / La force des petits  / Du courage jusqu’à l’Infini

Le Blog de TaraTari

Musique de Féloche

lundi 5 octobre 2020

RÉSUMÉ DE LA TRAVERSÉE POLYNESIE/NOUVELLE CALÉDONIE



 
 


 
Sur le quai, tous les copains de l'île sont venu me dire au revoir, ça fait tout chaud à mon petit cœur.
Le vent est un peu fort et mal placé pour un départ à la voile mais ça ne m'inquiète pas trop, j'ai déjà la manœuvre en tête, ça devrait le faire, mais au milieu des embrassades et des adieux, j'oublie de défaire les drosses de retenue de la barre intérieure, je m'en aperçois trop tard quand je m'éloigne du quai à la godille, ça fout tout mon plan en l'air d'envoyer la voile le plus vite possible, à présent, le temps de ranger la godille de plonger au fond du bateau libérer la barre, le vent frôlant les 20 nœuds m'aura déjà plaqué sur le quai de l'autre côté de la darse d'où il sera beaucoup plus difficile de repartir.
 
Comment c'est possible d'être aussi bête !? Je continue comme si de rien était dans un clapot assez dur avec le vent et le bateau chargé, c'est un peu limite mais j'arrive tant bien que mal à rejoindre le bout du quai face au vent, les copains viennent m'aider à l'accostage. Étonnement, personne ne me pose de questions, tout le monde pense sûrement que je suis un bon marin qui sait ce qu'il fait, avec un peu de chance les apparences seront sauves (saint Innocent veille encore sur moi !), ça me donne le temps de mettre mes affaires au clair et de dérouler la voile, ça y est Baluchon prend le vent et décolle enfin du quai, ouf! je suis encore vexé mais les encouragements et les au revoir me donnent de l'énergie d'autant qu'il y a parmi le groupe de trop jolies filles ce qui me remonte un peu le moral. 
 
Ça y est c'est parti, en peu de temps je suis sorti du lagon accompagné par un petit canot doté d'un charmant équipage, à moi le large et l'inconnu. 
 

 
 
J'aime bien me retrouver seul en mer, ça me donne une impression de puissance, d'être une sorte de roi, une chance car les occasions de devenir roi ne sont pas si courante dans la vie, certe, je n'ai pas de guerres à mener, d'alliances à nouer, de complots à déjouer et pas à subir les assauts de tout un tas de sublimes courtisanes prêtent à tout pour arriver jusqu’à ma couchette 🙁
 

 
Mais faut pas croire non plus, roi d'un royaume de quatre mètres de long c'est aussi du boulot! il faut tout de même régler la voile, regarder sa position sur la carte, indiquer le cap au pilote automatique, préparer la bouffe, faire un peu de rangement et... et c'est à peu près tout! Mais ça laisse aussi pas mal de temps pour faire plein d'autres trucs sympa. 
 
Je peux par exemple si le temps le permet:
-Lire.
-Contempler la mer.
-Ecouter de la musique.
-Écouter des podcast.
-Regarder des films.
-Faire des pompes
-Écrire.
-Dessiner.
-Contempler la mer.
-Imaginer de nouveau bateaux.
-Rêver à mes prochains projets à mon retour en France.
-Dormir.
-Penser à plein de choses.
-Penser à rien.
-Chanter et faire chier les goélands.
-Essayer de résoudre ce fichu rubik's cube qu'on m'a si gentiment offert mais qui me prend bien la tête!!!.
 -Contempler la mer.
 


Bref pour la majeure partie des gens normaux être seul en mer sur un si petit bateau signifie s'emmerder sérieusement , mais pour moi, au bout d'un certain temps je ne vois presque plus les jours passer, j'ai le l'impression de flotter sur le temps comme de flotter sur l'eau, le temps qui se ne se résume plus qu'à l'instant présent, le passé est loin dans le sillage et l'avenir est absolument incertain, peut être qu'il ne se passera rien et que j'arriverai sans encombre à ma prochaine destination, peut être aussi que je connaîtrai des tempêtes ou des fortunes de mer, que je subirai des attaques de monstres marins, de pirates sanguinaires ou de sirènes charmeuses, arrivera ce qui arrivera, je suis un roi donc je lutterai jusqu'au bout mais ce n'est pas la peine de se faire du mouron pour des choses qui ne sont pas sûres d'arriver non plus.
 

 
 
Les seuls moments où la réalité me rattrape c'est quand je croise un autre bateau, ce qui est assez rare au beau milieu du Pacifique mais ça arrive parfois, quand la route de cet intrus ne coupe pas ma propre route ça ne me gêne qu'un tout petit peu, je suis un roi magnanime tout le monde a le droit de croiser sur mes flots même sans ma souveraine autorisation, mais quand je dois dévier ma route ça me contrarie énormément, il me faut toujours un peu de temps pour admettre que même étant roi, il est souvent de règle que c'est le plus petit bateau qui se range pour laisser passer les gros ce qui me fait à chaque fois ronchonner, la chose que je déteste le plus en mer c'est de croiser d'autres bateaux.
 

 
 
Pour en revenir à cette traversée qui pour les deux tiers s'est déroulée sous une météo toute pourrie et bien dégueulasse, alternant de grandes périodes de pétole et de vents assez musclés sous des ciels passant par toutes les nuances de gris foncés, avec des journées entières sous des déluges de flotte, j'ai même eu droit à un méga orage avec des éclairs impressionnants qui pétaient de partout, et même deux jours de près serré. Pendant une bonne dizaine de jours d'affilés, je n'ai presque pas vu le soleil, un temps à filer le cafard à un alignement de menhirs, rien à voir avec ce qu'on attend d'une une croisière dans les alizés. 
 
Pour couronner le tout, pendant un coup de vent, une déchirure est apparue au beau milieu de ma voile, problème qu'il a fallu résoudre rapidement, sans quoi la déchirure allait obligatoirement s'agrandir et finir par couper la voile en deux ce qui nous aurait fait forcément bien moins marcher.
 
C'est vrai que ma voile n'est pas de première qualité, c'est de ma faute, c'est la seule chose que je n'ai pas faite moi même sur le bateau (hormis bien sûr les quelques appareils électroniques).
 
Comme j'essaye depuis un certain temps de vivre du travail de mes mains, par esprit de solidarité j'ai voulu faire appel à un artisan fabriquant lui-même ses voiles et non les faisant fabriquer par des plates-formes ou des sous-traitants travaillant à l'étranger comme c'est la règle de plus en plus dans la voilerie de plaisance. 
 
Je me suis alors tourné vers une voilerie située pas très loin de chez moi.
 

 
 
Malheureusement la communication n'étant pas trop mon fort et avec en plus la crainte de passer pour un dingue (sic!) je n'ai pas su expliquer la nature de mon projet, j'ai comme d'habitude fait part d'une vague navigation semi hauturière mais sans plus, ce qui n'a évidemment pas parlé au gérant de la voilerie au demeurant fort charmant et courtois. 
 
Quand j'ai réceptionné ma commande, j'ai été un peu déçu en voyant ma voile d'une qualité tout à fait correcte pour de la plaisance côtière, mais carrément insuffisante pour un tour de monde, je me suis alors dit "pas grave on fera avec", mais quand j'ai vu ma jolie petite voile se déchirer en plein milieu du Pacifique à plusieurs centaines de milles de toutes îles habitées je me suis un peu mordu les doigts, mon attitude n'a pas vraiment été très sérieuse sur ce coup là, visiblement ma voile commençait à avoir de sérieux signes d'usure après seulement 130 jours d'utilisation effective et 12 000 milles parcourus ce qui n'est pas mal du tout pour une voile de plaisancier moyen mais cette idée ne m'a pas réconfortée plus que ça.
 
 
J'aurais dû dès le départ, quitte à payer plus cher et passer pour un chieur, exiger une qualité supérieure de tissu, de fils et de renforts, le prix s'oublie la qualité reste😉
 
 

Pour tenter la réparation, la première idée qui vient en tête est de descendre la voile pour la recoudre tranquillement sur le pont, et pour descendre la voile, rien de plus simple, il suffit d'enlever le mât ce qui est très facile par temps calme, mais avec ce temps démâter, c’était un peu du sport, il m'a fallu attendre 24 heures avec juste un tout petit bout de toile que le vent mollisse un peu, (situation très très inconfortable car le bateau n'étant presque plus appuyé je peux dire que ça secouait dur).
 
Quand le vent est redevenu plus maniable la mer était encore assez agitée, démâter ne me disait trop rien dans ces conditions non plus, d'autant qu'une fois le mât couché il faut encore dérouler la voile avec les vagues qui balayent le pont ce qui n'est pas l'idéal pour une séance de couture, j'ai dû réfléchir à une réparation provisoire de la voile en place en essayant de coller des bandes de scotch en travers de la déchirure mais à plus de 2m au-dessus du pont avec le bateau qui gigote dans tous les sens, un beau défi rigolo à relever. 
 
Opération colleur d'affiches sur un taureau de rodéo.
 
Dessin Yves DENIAUD


 
Au bout d'un des tubes qui me sert de tangon, j'ai fixé un petit bidon carré en plastique auquel j'ai attaché une bande de scotch par un petit jeu savant de pinces à linge retenues par des ficelles que je pouvais larguer d'en bas, puis, le tube à bout de bras, le buste sortant du capot avant, j'ai tenté de plaquer le bidon et donc le scotch sur la déchirure, ça a demandé de bonnes coordinations de mouvements car le bateau bougeait beaucoup beaucoup, et bien tu me croiras si tu voudras mais ça a marché! Bon, les bandes de scotch n'étaient pas toutes très parallèles et un peu froissées mais pour une réparation provisoire ce n'était pas trop mal (en plus avec le petit bidon c'était impeccable pour bien appuyer sur le scotch sur la voile bien tendue par le vent, cette réparation a tenue tout le reste de la traversée soit 1700 milles.
 


Bon an mal an Baluchon et moi sommes arrivés en Nouvelle Calédonie au bout de 32 jours de mer, un record de lenteur pour mon vaillant petit vaisseau, qui s'est cependant comporté avec courage et détermination dans des conditions pas toujours faciles mais avec tout de même de très bons moments de mer, les quatre derniers jours ont été les plus pénibles avec une mer croisée bien dure où j'avais l'impression que mon petit Baluchon était devenu le ballon d'une formidable partie de foot jouée par des géants enragés. 
 

Une vidéo postée en janvier 2021 nous fait vivre cette ambiance :
 

 
L'arrivée sur la terre ferme marquera encore une fois le dépôt provisoire de ma couronne pour à nouveau se plier aux bonnes vieilles règles des hommes, vivement le prochain départ!
 

Yann Quénet,     
 

...If not happy !





dimanche 26 avril 2020

Récit de la traversée Panama- Les Marquises ( Ile de Hiva Oa)

Résumé de la traversée Panama/les Marquises (un peu d'indulgence pour l'orthographe et les ponctuations c'est encore une fois écrit avec le téléphone) je publierai un texte plus corrigé et une compilation un peu plus tard pour ceux que ça intéressent

15 mars 2020, je commence à en avoir ma claque du Panama, en plus de m'avoir complètement séché avec leurs tarifs pour millionnaires, c'est une galère sans nom pour avoir le Check-out et la clearance permettant de pouvoir sortir enfin du pays. à cause du corona virus, les services portuaires et d'immigration ne délivrent plus rien (à part bien sûr de lâcher un bon billet, en ce cas, un fonctionnaire bien gras emprunte le tampon du bureau et viens au bar d'à côté te faire les papiers illégaux et anti datés (en plus il faut lui payer une Corona au passage)) je ne suis décidément vraiment pas fait pour ça, je décide de mettre les voiles en mode pirate sans autorisation advienne que pourra...

Je serre un peu les fesses quand même en quittant le mouillage, il y a la police du canal qui patrouille sans arrêt et j'aimerais bien ne pas avoir affaire à eux une nouvelle fois, j'essaie de me faire le plus petit possible (c'est pas dur je sais) c'est plus fort que moi mais dès que j'entends le bruit d'une vedette rapide je rentre encore plus la tête dans les épaules dans l'espoir d'être encore plus discret (c'est un peu con c'est vrai) Avec très peu de vent, je slalome entre les immenses cargos au mouillage progressant tant bien que mal vers le large et la liberté, en fin de journée, le vent et la nuit me font enfin disparaître du royaume des policiers et des bandits, adios Panama ! à nous deux le Pacifique ! ça fait un bout de temps que j'en rêvais de ce foutu Pacifique, j'ai du mal croire que j'y suis enfin, c'est tout juste si je me sens encore pisser tellement je suis content d'y être.


L' alizé redevient mon ami et me pousse tranquillement vers l'archipel des Galapagos et vers l'hémisphère sud (en fait je n'ai pas l'intention de m'arrêter aux Galapagos où les autorisations d'escales sont fastidieuses, mais ça fait tout de même un point de chute en cas de problème)
Après dix jours de nave pépère, je rencontre la difficulté majeure de la traversée: le pot au noir, c'est une zone carrément merdique situé au niveau de l'équateur qui délimite les alizés de l'hémisphère Nord et les alizés de l'hémisphère Sud (les intellos appellent ça la ZIC zone intertropicale de convergences) ; les vents y sont très faibles et de directions variables accompagnés souvent de grains assez violents, au temps de la marine à voile c'était le cauchemar des marins, on pouvait y rester encalminé des semaines, de nos jours le pot au noir ne dérange plus grand monde, un bon coup de moteur et quelques dizaines de litres de gas-oil et hop l'affaire est réglée, il n'y a plus guère que pour les coureurs au large et pour certains hurluberlus qui n'ont pas de moteur où les difficultés sont encore présentes.

Finalement je m'en démerde pas trop mal de cet enquiquineur de pot au noir mais il faut être vigilant tout le temps pour ne pas se faire surprendre par un de ces fameux grains qui peuvent descendre le mat ou déchirer la voile en un rien de temps ce qui serait fâcheux pour le reste du voyage. Au bout d'à peine trois jours à la barre sans pratiquement dormir, je passe sous un magnifique double arc en ciel complet, porte de l'hémisphère sud et des alizés du même nom, je vois déjà la Polynésie et les vahinés me faire des grands signes, je suis à deux doigts de me faire dessus tellement j'ai la banane.
En fait dès les premiers jours, les difficultés commencent, le pacifique et l'hémisphère Sud ça se mérite quand même un peu, je commence à avoir gravement besoin de sommeil, mais je me fais enquiquiner pendant pratiquement deux jours par une flotte de pêche qui n'arrête pas d'écumer la mer dans tous les sens, m'obligeant à manœuvrer sans cesse pour les éviter, y'a vraiment pas moyen d'être peinard, si c'était pour retrouver ça, j'aurais mieux fait de rester naviguer en Manche ! Les bateaux pissent la rouille de partout, certains n'ont pas de signal AIS et mettent à l'eau d'immenses filets munis de bouées lumineuses, je pense qu'il s'agit d'une flottille de chalutiers Chinois mais ça pourrait être tout aussi bien des chalutiers péruviens ou équatoriens. 
https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/bateau-echoue-a-arutua-les-habitants-s-impatientent-829778.html
Bateau échoué à Arutua

 
Qu'elle horreur ! J'ai dû m'endormir, mon Baluchon est couché sur le sable, j'ai beau le pousser de toutes mes forces, il ne bouge pas d'un centimètre, il est tout bonnement échoué, j'aperçois deux silhouettes sur la plage, je fais des grands signes pour demander de l'aide, vu les circonstances j'aurais bien aimé trouver deux rugbymen, mais en l'occurrence c'est deux superbes filles en maillot de bain, l'une a un fusil harpon sur l'épaule et l'autre tient un balaise de poisson au bout du bras, je leur explique en polonais que j'aimerais bien qu'elles m'aident à pousser mon bateau, avant de m'apercevoir que je ne parle pas Polonais et qu'il est peu probable qu'elles le comprennent en retour, je me remet à pousser le bateau avec l'espoir qu'elles comprendrons ce que j'attends d'elles. C'est alors que la fille au harpon me prend par la main et m' entraîne vers les dunes toutes proches, sa copine me sourit et me fait un clin d'œil comme si j'étais le plus beau mec du monde (rien que là ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille) on se dirige ensuite tous les trois vers une sorte village composé de huttes d'où sort des dizaines d'autres filles tout aussi bien gaulées que mes deux guides, ho la vache !


Au centre du village, la fille qui me tenait la main m'attache à un poteau qui devait se trouver là par hasard, toutes les filles se mettent alors à m'observer, certaines me prennent en photo avec leurs smartphones où est dessiné un étrange symbole, une sorte de pomme à moitié croquée, l'une des filles, vêtue d'un tee-shirt rose bonbon où il est inscrit shoping avec des paillettes me regarde comme si elle allait me dévorer tout en faisant des bulles avec son chewing-gum et en tournicotant une de ses couettes avec son doigt, je ne sais pas pourquoi mais je commence à avoir très très chaud. Puis l'ensemble des filles se mettent à chanter une sorte de complainte et commencent à tourner en rond autour de moi.

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Mon sourire jusque là béat commence à baisser légèrement, d'autant que je m'aperçois que je suis attaché super serré et que ça va pas être facile de se sortir de ce merdier...
C'est alors que je me réveille en sursaut, il me faut pas mal de temps pour comprendre que je ne suis pas sur une île avec des filles super canon en maillot de bain mais à l'intérieur de mon bateau qui danse la danse de Saint Guy au beau milieu du pacifique, je hisse la tête dans un demi sommeil par le capot pour voir: plus de chinois en vue, tout va pour le mieux.

Les jours se suivent ensuite milles après milles en père peinard sans incident notoire , je repense quelques fois avec nostalgie à l'île au filles, le reste du temps je lis, j'écoute de la musique et des podcasts, c'est pas vraiment la vie de galérien.



Mais je constate quand même que jours après jours la distance parcourue quotidiennement diminue de plus en plus, ça me contrarie un peu, en me baissant par dessus bord je m'aperçois que la coque en entièrement recouverte d’anatifes une sorte de mollusque caoutchouteux très dur à décoller, Doux jésus ! ni une ni deux j'enroule la voile, enfile mon masque et mon tuba et plonge pour gratter toutes ces horreurs de mollusques, au bout d'une bonne heure d'effort je commence à retrouver une coque à peu près propre, je remonte à bord assez satisfait de moi, et recommence à vaquer à mes petites affaires quand j'entends un peu plus tard un grand coup dans le gouvernail, que passa ? Puis un autre coup, je me penche et je vois un requin qui essaye de chopper quelque chose sous la coque il a l'air très énervé le garçon, il n'est pas immense, dans les 2 mètres tout jaune avec des ailerons blancs, il a l'air de s'intéresser très fort à quelque chose situé sous le bateau mais même moi qui adore nager je n'ai aucune envie de voir de quoi il en retourne, je n'ose même pas imaginer si j'étais tombé nez à nez avec lui pendant ma séance de grattage, finalement je décide que dorénavant je vais éviter de plonger, même si je met quelques jours de plus pour traverser, c'est quand même moins embêtant que d'avoir un bout de bras ou de jambe en moins.

Et puis finalement, comme ça au bout de 44 jours de navigation qui m'a semblé plus ou moins réelle, l'île d'Hiva Oa est apparue un beau matin en plein milieu de l'océan , je me suis demandé sur le coup si c'était bien la réalité (peut-être suite au souvenir d'une certaine autre île) j'ai du mal a croire que j'y suis vraiment, il va me falloir sûrement plusieurs jours avant de redescendre sur terre.



Arrivé au mouillage d'Atuana, je suis super bien accueilli par les autres bateaux, ça fait plusieurs semaines que suite au Corona virus, la Polynésie met les bateaux entrant en quarantaine avec interdiction de descendre à terre pendant 14 jours et interdiction de quitter l'île, une sorte de solidarité s'est mise en place entre les navigateurs confinés, on m'annonce la nouvelle mais on me dit que les mesures sont en train d'être assouplies, on m'apporte de la nourriture ça tombe bien car il ne me restait presque plus rien à manger à bord, des fruits, des œufs de la bière bien fraîche, du chocolat le tout dans le plus joli décor qui puisse être, cette fois c'est sûr je suis bien tombé au paradis et il est bien réel celui là :-)


Vidéos de Yann Quénet 
 Rencontre avec une mouette

 L'arrivée est proche

https://www.facebook.com/yann.quenet.5/videos/2417744848466148/



Suite de l'aventure au prochain épisode... Yann QUENET