Récit de mon arrestation loufoque
(attention c'est vraiment très drôle)
Ça y est j'y suis presque, le
pacifique est tout proche, la traversée de l'isthme par la route a
été un peu stressante car la remorque est rafistolée de
partout, un des pneus est à plat ce qui n'est pas
vraiment
adapté à l'état complètement pourri des routes, mais bon ça l'a
fait, le chauffeur qui ne décroche pas un mot garde son
flegme,l'auto radio braille à fond de la musique latino.
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Pour la mise à l'eau c'est assez
radical, mon chauffeur qui était jusqu'à présent tout calme recule
à toute vitesse sur la cale, la remorque est entièrement dans
l'eau mais aussi presque la moitié du pick up, (je ne sais pas
trop si c'est très bon de faire prendre un bain de mer à des
voitures même à des Toyota) bref Baluchon retrouve son élément,
ce n'est pas encore vraiment le pacifique c'est l'estuaire mais on
aperçoit un peu plus loin un immense pont qui doit marqué le point
de départ de l'océan
C'est marrée haute, avec un gros coef, il
y'a plus de deux nœuds de courant qui m’emmène tranquillement
vers le mouillage de Balboa, je donne juste quelques coups de
godilles de temps en temps pour la forme mais globalement c'est
le courant qui me pousse, j’évite soigneusement de passer les
bouées du chenal, où c'est un balai incessant de remorqueurs et de
cargos qui passent dans tous les sens.
Enfin je passe sous ce
fameux pont ça y est j'y suis presque, j’aperçois des voiliers au
mouillage c'est là que je compte passer la nuit, tout à coup
une vedette rapide de police arrive pleine balle vers moi, un
flic me gueule un truc en espagnol, je capte pas et je fais ce que je
sais le mieux faire dans la vie, je fais le benêt innocent, ça
marche très souvent mais là ça énerve visiblement l'autre
policier qui me hurle en anglais de prendre ma vhf ! ma quoi ?
J'ai pas de truc comme ça à bord ! C'est obligatoire dans le
canal qu'il me crit, (c'est là que je me dis que le coup du benêt ça
va pas trop marcher cette fois) en fait j'ai bien un vhf portable
au fond de mon sac de sécurité, mais la batterie est naze, je
sors quand même l'engin et montre que j'ai bien une vhf tout comme
les autres vrais
bateaux, je fais même semblant d'écouter
dedans pour montrer que je suis un marin sérieux, ça à l'air
de calmer les deux flics du bord, ils me demandent d’où je viens
et où je vais comme ça, je leur explique en utilisant mon plus
mauvais anglais (plus mauvais que mon meilleur anglais qui est
vraiment très faible) je continu tranquillement ma route à la
barre, poussé par le courant, le
mouillage n'est plus qu'a deux
cent mètres, un des deux flics qui pourrait facilement jouer dans
une série américaine tellement il est caricaturale me demande
mon passeport, je lui donne, le mouillage
n'est plus qu'a 150
mètres, les deux lascars étudient mon passeport, je leur souris
niaisement OK STOP YOUR ENGINE ! qu'ils me disent hey mais j'ai
pas de moteur !
Les mecs ouvrent une gueule pas possible, l'un
d'eux hurle C'EST OBLIGATOIRE D'AVOIR UN MOTEUR DANS LE CANAL !
Le mouillage n'est plus qu'a 100 mètres, la vedette m'accoste
sans
ménagement, les flics me prennent les amarres et me
remorque, c'est un peu brutal certes mais sur le moment je pense
naïvement qu'il vont m'emmener sur une des bouées de mouillage,
sympa quand même !
Et bien pas du tout la vedette démarre en
trombe et fait demi tour, le pauvre baluchon rebondi sur la coque
de la vedette, les amarres couinent , je suis remorqué pleine balle
vers une zone
militaire située de l'autre coté du canal, sur le
trajet les gars me redemandent trois ou quatre fois mon passeport
et si j'ai des armes à bord, mais aussi les papiers du bateau, bien
sûr j'ai des papiers
pour le bateau mais c'est une simple carte
de navigation côtière mais ça il ne sont pas censé le savoir,
et comme je suis prêt de la côte...).
Arrivé à la base, c'est
assez folklo une dizaine de militaires sont là en uniforme mais
contrairement aux deux flics qui ressemble plus à des
bouledogue, ils ne font pas peur du tout, la moyenne d'age
doit
être de 18 ans il me prennent tous en photo avec leur portable et
rigolent entre eux, un si petit bateau ils en ont sûrement
jamais vu, les flics de leur coté se détendent en peu mais c'est
pas encore
la franche rigolade, il me demande encore une fois si
j'ai des armes a bord, je répond pas d'armes pas de cigarettes
pas d'alcool j'ai failli rajouter pas de prostitués mais comme je ne
maîtrise pas encore très bien l'humour panaméen, je
m'abstiens.
On attend comme ça une bonne heure, je me fais
tranquillement un thé pendant que tout le monde palabre sur la
vedette à couple, je ne sais pas ce qu'ils attendent, j’attends
par solidarité avec eux.
OK, on va fouiller votre bateau dit un
des flic, oui sans problème que je répond, j'ai un peu de mal à garder mon sérieux quand même.
Je commence enfin à
comprendre pourquoi ça mettait tant de temps, personne ne voulait
rentrer dans un si petit bateau pour l'inspecter, du coup ils ont
dû jouer une partie de carte pour designer lequel des jeunes
militaires aurait le privilège de monter à bord, pas de bol pour
lui c'est les plus grand qui a perdu et qui se tape la corvée
d’inspection, il met des gants en plastique et un masque et rentre
tant bien que mal dans le bateau, je suis plié rire en voyant se
grand lascar d'1,90 m en train d'essayé d'ouvrir tous les
containers de bouffe, je n'ose pas prendre une photo mais c'est
vraiment très drôle, j'essaye de regarder ailleurs pour ne pas
éclater de rire mais les flics m'ordonnent quasiment la main sur
le flingue de regarder (ça doit être une sorte de procédure je
suppose) pour
rajouter du cocasse à la situation les remorqueurs
qui passent sans cesse à fond dans le canal font des vagues
courtes et brutales, le pauvre baluchon n' arrête pas de gigoter en
rebondissant sur la
coque de la vedette, j’espère que mon
inspecteur ne va pas avoir le mal de mer et me faire des gros pâtés
partout.
Après dix bonnes minutes mon lascar sort enfin du
bateau, ses copains se marrent comme des baleines et le prennent
en photo, lui il a le sourire jusqu'au lèvres d'être enfin sorti.
Mais les deux flics eux ne rigolent pas vraiment (ça doit être
dans leur nature) ils m'explique qu'ils vont me ramener là ou mon
bateau à été mis à l'eau et que je dois trouver une remorque pour
me
déposer plus loin vers l'océan, je fais semblant de ne pas
trop comprendre.
Il fait maintenant nuit, je suis remorqué
toujours pleine balle vers la cale de mise à l'eau, où j'ai
obligation de jeter l'ancre.
Je passe un début de nuit un peu
secoué, les remorqueurs font des vagues gigantesques, baluchon
roule comme un fou. Mais je finis par m'échouer (5m de marnage
c'est presque comme à la maison)
dans un confortable fond de
vase, le bateau devient super stable j'en profite pour mater et
installer toutes les manœuvres.
Au petit matin, je décide
d'aller à terre pour me signaler comme si de rien était au flic qui
gère la mise à l'eau des bateaux, j'y vais à la nage dès que
je met un pied sur la rive, je tombe sur un énorme
panneau
signalant qu'il est interdit de se baigner à cause des crocodiles
glupps.
Je tombe sur une petite fliquette bien charmante qui
m'autorise verbalement à prendre la mer (c'est assez dingue je
trouve, il y'a des policiers partout au Panama pourtant c'est un des
pays les moins
sûr du monde) bref je regagne mon bord et remonte
l'ancre en espérant ne pas rencontrer de nouveaux mes copains
les cow-boys du canal.
Après une petite nave d'une heure en
serrant un peu les fesses, j'arrive enfin aux bouées du yacht club
de Balboa, heureusement pour moi, les cow-boys devaient faire la
grasse mat je n'ai pas été
embêté, maintenant je suis enfin
aux portes du pacifique, l'aventure continue.... Yann QUENET