Construction de Baluchon

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jeudi 18 juin 2020

Etape Hiva OA [ Iles Marquises] - Tahiti [ Papeete] du 7 au 16 juin 2020


En fait cette toute petite navigation de 780 milles (environ 1500 bornes pour les terriens) n'a pas posé de difficultés à part un passage particulier que je vais essayer d'exposer ici.

On me pose souvent la question pour savoir ce que j'utilise comme moyen de navigation, cette question m'a toujours parue bizarre et de second plan vu que pour traverser un océan il suffit juste de se rendre d'un point A à un point B avec seulement de l'eau de mer entre les deux, de mon point de vue, savoir précisément sa position au beau milieu de nul part ne présente pas beaucoup d'intérêts (en fait j'ai toujours aimé cette sensation que procure le large d'être situé quelque part sans savoir précisément où, une sorte de flou artistique qu'on ne peut évidemment pas se permettre en navigation côtière). 


Par pure paresse intellectuelle, je privilégie toujours les solutions les plus simples pour résoudre les problèmes auquel je suis confronté, ce n'est pas neuf comme idée c'est en gros le principe du "rasoir d'Ockam" un truc philosophique qui ne date pas d'hier, c'est un peu avec cet esprit que j'ai construit et que j'essaye de faire naviguer mon bateau. 


Ce principe du rasoir d'Ockam qui en gros se résume à pourquoi faire compliqué quant on peut faire simple s'oppose carrément à la tendance actuelle qui préconise totalement l'inverse. 

Bref pour me positionner en mer j'utilise le GPS de mon téléphone et une appli gratuite avec la cartographie incluse (open cpn) , c'est à mon sens beaucoup plus simple et beaucoup plus économique que d'avoir un traceur GPS ou de de se servir d'un sextant qui implique d'avoir aussi une montre qui donne l'heure exact, des éphémérides de l'année en cours, une calculatrice et aussi des cartes papiers pour reporter son point. 

Jusqu'à Panama je ne me suis en fait jamais vraiment bourré le mou avec ma position, j'allumais le téléphone tous les deux ou trois jours pour voir mon avancement et basta (pour être honnête j'avais à mon départ de Lisbonne une solution de secours avec un ordinateur portable qui n'a évidemment pas tenu le coup des secousses du bateau par la suite).



Mais même si le téléphone était venu à rendre l'âme ça n'aurait pas posé de problème, en suivant juste le soleil couchant il aurait quand même fallu être un sacré branque pour arriver à louper l'Amérique.

 
Mais pour la première étape du Pacifique par contre là j'ai moins fait mon malin, comme je n'avais pas pour des raisons pratiques la possibilité d'emmener beaucoup d'eau et de nourriture, louper la première île grosse comme une chiure de mouche à 4000 milles de distance risquait d'être assez problématique, je me suis à un moment mis à psychoter grave, d'autant que si jamais je loupais les Marquises, les prochaines îles seraient l'archipel des Tuamotu qui ne sont que des anneaux de corail hyper bas sur l'eau où la mer y déferle de partout et qui sont pratiquement invisible avant d'avoir la quille dessus, qui plus est si on veut s'y arrêter, il faut y entrer par des passes étroites pleines de courants sournois (sans moteur c'est encore plus chaud), et une fois que l'on est à l'intérieur on a une méga impression d'emprisonnement surtout si le mauvais temps vient à se mêler de la partie. À la fin, rien que le mot Tuamotu me faisait super flipper presque à la limite de faire un gros caca nerveux.

Aller visiter ces atolls finalement demandent une navigation bien trop précise pas vraiment faite du tout pour un zigoto tel que moi.

Mais pour partir des Marquises en visant Tahiti on a beau tracer toutes les routes que l'on veut il n'y pas vraiment pas d'autres solutions que de passer en plein milieu de ces atolls dangereux, ce qui signifie que pendant plusieurs jours il ne sera pas question de se la couler douce ni de lire ni d'écouter de la musique ou des podcasts ni même de roupiller tranquillement sans avoir à passer son temps à se préoccuper de sa position. 




Tout ça m'a obligé pour une fois de bien préparer ma route sans partir comme d'habitude le nez au vent. 

Un navigateur charitable m'a aussi donné un ancien GPS à main (un grand merci à lui) ou j'ai enregistré les points de slalom entre les atolls ce qui m'a permis de naviguer sans le stress de la panne.

À part ça la navigation a été quand même un véritable plaisir avec de très bonnes moyennes, un vrai régal, j'ai bien contourné prudemment tous les ilots, à la fin je me suis bien foutu de ma propre gueule d'avoir eu si peur de ces maudits atolls.



Au niveau lecture, je me suis mis pas trop foulé non plus en me tapant la trilogie de millénium de Stieg Larson, ce qui a provoqué le moment le plus pénible de la traversée, juste au plus fort de l'intrigue, un emmerdeur de bateau de pêche c'est mis juste sur ma route, m'empêchant de finir le bouquin en paix, on peut jamais être tranquille finalement.

Après pratiquement 8 jours de mer juste au moment de rentrer dans le port de Papeete le vent c'est mis un peu à forcir m'obligeant à tirer des longs bords dans le port de commerce parmi les ferry, les cargos et le remorqueurs qui me faisaient tous des coucous amicaux, même les gendarmes maritime m'ont croisé en me saluant, ça change bien du port de Saint Brieuc avec son contingent de chefaillons toujours près à dégainer le bazooka juste parce qu'un misérable bateau de 4m serait en mesure de gêner je ne sais qui (le règlement c'est le règlement !). 

Arrivée au ponton sans difficulté avec une manœuvre presque parfaite (un des très gros avantages d'un petit bateau), parmis tout un tas de yachts géants offrant un contraste quasi comique avec ma coquille de noix. 




Papeete est une ville laide et bruyante mais je compte quand même y passer quelques jours histoire de m'y remémorer un séjour que j'y avais fait il y a plusieurs années du temps où j'étais jeune et beau 😉


Départ dans quelques jours vers. Moorea pour y retrouver des paysages de cartes postales. 



Suite du récit du voyage de Baluche autour du monde très très bientôt yeah... Yann QUENET

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