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Parti le même jour que Baluchon, l'équipage d' Orialis [ Projet SlowTrip] est arrivée aujourd'hui en Afrique du Sud; il nous partage une vidéo de leur traversée entre la réunion et Richards Bay 👍😀😎
Depuis
plus de trois semaines maintenant, je n'arrête plus d'être invité
midi etsoir
pour des repas ou des apéros d'adieu; il est temps que ça se
termine, je commence à prendre du ventre, à ce rythme, je ne
pourrai bientôt plus rentrer dans mon bateau; ça permet quand même
de faire quelques réserves et de ne pas trop avoir le temps de
penser à la très longue route qui m'attend.
Le
matin du départ, plein d'amis sont venus sur le quai pour me
souhaiter bon vent et m'emmener quelques gâteaux, bonbons ou boites
de sardines, je suis très ému, même si Baluchon est déjà chargé
à bloc et que je commence à faire des indigestions rien qu'à la
vue d'une boîte de sardine, je n'ose pas refuser.
La
sortie du port et du lagon se passe tranquille sous un petit vent
pépère, je suis accompagné par plusieurs bateaux, et même un
moment par la vedette de la gendarmerie maritime, sur le moment, j'ai
un petit moment d'inquiétude, j'espère qu'ils ne vont pas me
demander les papiers du bateau et contrôler mes équipements, mais
non, les gendarmes eux aussi ont fait un petit détour rien que pour
me souhaiter bon voyage.
Au
sortir de la passe, je me retrouve enfin seul, j'ai une sensation de
vertige quand j'ouvre la carte sur ma tablette, le trajet me paraît
tout à coup complètement démesuré, je me demande sur le coup si
je n'ai pas perdu le sens commun pour me lancer sur une distance
pareille sur un si petit bateau.
Pour
couronner le tout, j'ai une très forte douleur à la poitrine. Dans
un moment de délire hypocondriaque, je pense que je suis en train de
me faire une petite crise cardiaque, pauvre chouchou ! Je sais bien
que l'accueil en Nouvelle Calédonie a été plus que chaleureux et
que ça fout les boules de partir, mais de là à passer l'arme à
gauche, c'est quand même un peu exagéré, d'autant que j'ai encore
plein de choses à faire avant.
En
m'allongeant quelques heures, la douleur s'estompe peu à peu, mais
je suis tout barbouillé, ce n'est en fin de compte qu'un vulgaire
mal de mer mélangé à une sorte de crise d'angoisse .
Au
bout de deux ou trois jours, j'arrive à prendre quelques repères et
à me réhabituer progressivement au roulis incessant de Baluchon, je
retrouve mes innombrables petits bleus tout autour du bassin à force
de me cogner contre les bords du capot.
Le
pilote automatique fait son boulot bien consciencieusement, mais
parfois se met en veille, ça je connais comme panne, c'est juste une
connexion électrique pas trop nette, je fais une petite inspection
sur toute la ligne, en pulvérisant du nettoyant contact et en
grattouillant les connexions, mais malgré ça, ça recommence de
plus en plus souvent, bizarre comme truc ?! Je vérifie alors les
batteries et là horreur ! l'une d'elle dépasse à peine les 11volts
et 11,5 pour l'autre, ce n'est pas ce qu'on peut appeler la grande
forme pour des batteries.
Pourtant les deux petits panneaux solaires
débitent de l'électricité convenablement, je ne devrais pas les
avoir si vides. En essayant de les charger une par une, celle de 11v
ne veut plus rien charger du tout, l'autre arrive péniblement à 12v
en toute une journée de charge pour redescendre tout doucement
pendant la nuit sans qu'il n'y ai rien de branché dessus, bref,
elles sont carrément mortes. C'est comme ça chez les batteries!
Quand une claque, l'autre, par solidarité claque aussi, c'est beau
et noble, mais moi, ça ne m'arrange pas du tout, j'ai encore près
de 6800 milles à parcourir avant le prochain magasin de batterie.
Pendant un instant, j'envisage de faire demi tour vers Koumak, une
petite ville au Nord de la Nouvelle Calédonie qui n'est encore qu'à
vingt quatre heures de navigation, de là, en seulement quelques
heures de car, je pourrais rejoindre Nouméa et m'acheter une
nouvelle batterie, facile! Mais rien que l’idée de faire demi tour me
rebute au plus haut point, non !
Pas question de revenir en arrière,
cap à l'Ouest coûte que coûte.Il faut juste trouver un moyen pour
faire naviguer Baluchon tout seul, le reste pourra très bien ce
faire sans électricité. Depuis mon départ de France, j’annonçais
crânement à qui voulait bien l'entendre que mon bateau était si
bien conçu et équilibré qu'il pouvait très bien naviguer sans
pilote, c'est le moment de le prouver, j'essaye plein de petites
astuces délirantes, rien n'y fait, Baluchon n'arrive pas à garder
son cap
plus d'un e demi heure, avant qu'une vague ou une bourrasque le fasse
dévier de sa route. Ça me contrarie un peu. Il faut absolument que
je bricole un régulateur d'allure de fortune.
Il me faut
pratiquement une journée de cogitation pour imaginer avec le peu de
matériel que je possède à bord, une sorte de grosse girouette qui
agira sur la barre quand le bateau dévira de cap par rapport au
vent. Au début, je suis un peu sceptique quant à l'efficacité de ma
girouette, je me mets en tête qu'il me faudra plusieurs jours de
bidouillage pour trouver un résultat à peu près correct, mais qui
n'essaye rien n'a rien.Miracle! Au bout du deuxième essai, la
girouette marche à la perfection, c'est tellement étonnant que je
reste presque une heure comme un nigaud à regarder hypnotiquement
cette sorte d'installation de bric et de broc barrer parfaitement.
Bien sûr, ça demande un peu de subtilité dans la tension des
drosses et il faut que la voile soit impérativement réglée au
quart de poil, mais l'ensemble fonctionne en silence et avec
efficacité, c'est quasiment magique, je décide de baptiser la
girouette Bébert (un clin d'œil à mon copain Bébert de Bretagne
qui lui, ouvre tout le temps sa gueule et est totalement inefficace ). J'essaye d'améliorer un peu le système mais comme toujours,
lemieux
est l'ennemi du bien, ça marche moins bien, je remets le tout comme
au départ et me jure de ne plus toucher à rien tant que ça
fonctionnera.
Je reprends mon chemin serein, laissant à la batterie
la moins faible le fonctionnement du détecteur AIS, ça tiendra le
temps que ça tiendra...j'ai un feu de navigation de secours à pile
pour quand je croise un autre bateau. Pour ma tablette et ma liseuse,
je les charge directement au cul d'un des panneaux et ça marche
parfaitement. Ça aurait été vraiment trop bête de faire demi tour
pour si peu.
En arrivant, une vingtaine de jours plus tard, à
l'entrée du détroit de Torres entre la Papouasie-Nouvelle-Guinée
et le Nord de l'Australie, le temps jusque là gris et maussade se met
au beau, le ciel devient tout bleu et la mer turquoise, j'en profite
pour faire sécher mon matelas et l'intérieur du bateau. Depuis une
bonne semaine, la mer était devenue assez vicieuse et roublarde pour
m'envoyer des paquets de mer en veux tu en voilà, surtout quand
j'avais besoin de sortir la tête du capot pour régler Bébert, ce
qui me donnais à chaque fois la joie de prononcer quelques jurons
bien dégoulinants.
L'intérieur
de Baluchon est trempé, poisseux et saturé de sel, ça pue le
moisi, la sueur, la pisse et le poisson pourri et je n'ai plus de
vêtements secs, c'est pas vraiment la joie.
Le détroit avec ses
innommables récifs et ses courants sournois se montre très
indulgent envers moi avec un petit vent modéré, j'avais fixé la
date de mon départ de Nouvelle Calédonie afin d'arriver ici pendant
la pleine lune, ce qui fait que je distingue parfaitement les récifs
et les îlots en pleine nuit.
Mais ce que je redoutais le plus en
rentrant dans la zone Australienne était la réaction des gardes
côtes. Depuis Nouméa, j'en avais entendu de histoires sur ces fameux
gardes côtes, des trucs de dingue, du style tu peux avoir une amende
de plusieurs millions de dollars voir même faire un séjour en
prison juste parce que tu t'es trompé d'un numéro dans l'adresse de
ton hôtel ou que tu as oublié une pomme de ton déjeuner dans ton
sac à dos, bref, pour un client dans mon genre, avoir affaire à des
gens un peu trop stricts m'inquiétait un peu, d'autant que d'après
ce qu'on m'a dit, des avions survolent la zone du matin au soir pour
te poser sans cesse une liste de questions longue comme le bras, moi
qui déteste causer à la radio, ça s'annonce mal.Quand j'ai aperçu
mon premier avion de contrôle, cela faisait déjà vingt quatre
heures que je zigzaguais bon an mal an parmi tout un tas d'îlots
coralliens, j'ai bien préparé ma vhf portable ainsi qu'un petit
papier, où j'avais écris plein de choses sensés intéresser des
douaniers tel que: ma date de naissance, la pointure de mes
chaussures, le nom de jeune fille de ma grand mère ou la couleur de
mon caleçon. Je me suis bien raclé la gorge en attendant
fébrilement. Quand l'appel est venu, le douanier à l'autre bout
était très courtois, il m'a juste demandé d'où je venais et où
j'allais comme ça dans mon petit "vessele", il m'a aussi demandé la
taille de mon bateau, quand j'ai répondu, j'ai entendu des grands
wouah et des rires dans la cabine de l'avion, l'opérateur m'a alors
souhaité bon voyage dans mon "incredible" aventure. Quand l'échange
s'est terminé et que l'avion s'est éloigné, je me suis retrouvé
tout chose et tout ému. Quel sacré ce Baluchon! pouvoir rendre sympathiques
des hommes passants pour les plus psychorigides du monde, c'est pas
donné à tout le monde quand même.
Malgré le manque de sommeil et
la fatigue, je passe petit à petit et assez facilement le labyrinthe
de Torres, jusqu'à qu'à frôler l'île Hammond, juste à côté de
l'île du Prince de Galles tout au Nord de l'Australie, en fait, ce
n'était pas vraiment nécessaire pour moi de descendre si près de
la côte mais j'avais en tête de pouvoir capter le réseau
téléphonique Australien histoire d'envoyer quelques nouvelles,
bingo ! ça marche je reçois un SMS: mon opérateur m'accompagne en
Australie (sympa!), j'envoie quelques messages,mais je n'arrive pas à
capter internet, pas grave, j'essaierai de me rapprocher à nouveau de
la terre plus tard, pour l'instant, il fait nuit et je suis naze,
j'entreprends la dernière partie du chenal.
Je croise trois gros
cargos à la queue leu leu, nos routes se coupent d'un peu près c'est
vrai, mais j'ai assez de vent pour manœuvrer et les éviter, mais
les cargos eux, on l'air un peu sur les nerfs, deux d'entre eux
actionnent leurs sirènes comme des gros tarés semblant me dire
"dégage de là connard!" je suis le seul autre bateau dans
le coin et je le prends pour moi. Comme par hasard, l'internet sur
mon téléphone se met en fonction juste à ce moment, ça envoie des
dizaines de bibs de notifications, vingt jours d'abstinence numérique
et ça déclenche autant d'alarmes que sur un avion de lignes en
détresse, et ces putains de cargos qui recommencent leur cinéma
avec leurs sirènes, tous ces bruits me stressent à mort, à tel
point que je suis à deux doigts de sortir ma vhf pour «prier» à
ces klaxoneurs de mes deux de fermer leurs grandes gueules.
Finalement
je fais un grand détour pour éviter ces mauvais coucheurs et pour
me calmer un peu, je dois être vraiment crevé pour me mettre dans
un état pareil, il faut absolument me reposer et reprendre des
forces dans les prochains jours, d'autant que j'en suis à à peine
un quart du parcours.
J'arrive quand même à envoyer un post sur les
réseaux sociaux et quelques messages personnels, je parcoure en
vitesse mes mails: rien d'important pour moi, j'éteins vite fait le
téléphone et reprends mon cap à l'Ouest.Quelques heures plus tard,
je suis enfin sorti du détroit, je me fais une bonne plâtrée de
nouilles lyophilisées avec une tonne de fromage en poudre et m'allonge
pour un bon roupillon, mais, en mettant l'alarme pour 40 minutes
de sommeil, j'oublie de l'enclencher, je me réveille presque quatre
heures plus tard en plein jour en plein milieu d'une zone infestée
de cargos, pas vraiment prudent comme attitude. La prochaine fois, il
faudra mieux gérer mon sommeil et les retours, même momentanés à
l'approche du monde des gens.
La suite, la traversée de la mer
d'Arafura et la mer du Timor, qui consiste à longer tout le Nord de
la Côte Australienne, se relève aussi ennuyeuse que navrante.
Ennuyeuse car le vent faiblart et toujours pile vent arrière
m'oblige à tirer de grands bords à la vitesse d'un bigorneau.
Navrante également, car la mer est quasiment recouverte de déchets
plastiques, c'est la première fois depuis mon départ que j'en
croise autant, l'être humain est vraiment un sacré sagouin quant on
y pense. Tout cela, ajouté avec déception de ne pas pouvoir
m'arrêter en Australie, point d'orgue initial de mon voyage, me fait
paraître cette partie de l'étape très longue et très morose. Pour
me consoler, en passant au large de Darwin, je me rappelle du roman
de Douglas Kennedy: piège nuptial. C'est peut-être une bonne chose
après tout cette pandémie, car, dans l'affligeant état de manque
de douceur féminine dans lequel je me trouve, j'aurais moi aussi été
tout à fait capable de prendre cette auto-stoppeuse complètement
maboule en plein milieu du bush Australien.
Autre point positif: je
suis en permanence sous des ciels d'une beauté à tomber par terre,
les levés et couchés de soleil sont époustouflants, ça ne
compense évidemment pas le fait de naviguer sur une mer de plastique
dégueulasse, mais ça met quand même un peu de poésie dans le
paysage.
Au bout d'une vingtaine de jours, j'arrive enfin à
atteindre l'Océan Indien, le manque de vitesse est à deux doigts de
me rendre fou, j'en suis presque à réclamer à corps et à cri un
peu de vent. Mon royaume pour de l'alizee ! Ha tu veux du vent mon
petit père!? Attend un peu ,en voilà!À peine 100 milles après le
point le plus à l'Ouest de l'Australie, le vent vire enfin au Sud
Est, chouette ! Mais cette fois, ce n'est pas de l'alizee de fillette
comme dans le Pacifique, c'est bien plus musclé, le vent, pendant
presque tout
le reste du parcours va pratiquement rester constamment aux alentours
des 35 nœuds, ce qui commence à être un peu beaucoup pour un
bateau de 4 mètres.
Mais je sens mon petit Baluchon dans son
élément, content de lutter contre la mer et le vent. Les moyennes
journalières descendent rarement en dessous des 100 milles malgré
l'état de la mer chaotique, quelques fois, quand le vent mollit et atténue un peu les vagues, j'arrive à parcourir jusqu'à 120 milles
dans la journée, ça change de mes piteuses moyennes Australiennes.
En dépit du manque de confort extrême, je suis moi aussi super
heureux d'être là, je n'échangerai ma place pour rien au
monde.Pour donner un ordre d'idée des conditions de navigation, il
faut s'imaginer coincé dans bobsleigh qui dévalerait une piste de
noire de ski de près de 6000km préalablement pilonnée par
l'artillerie d'une armée Teutone en grande forme.
Plusieurs fois par
jour, Baluchon reçoit des claques monumentales qui l'envoient direct
au tapis, il s'en suit alors un court moment de silence avant qu'il
ne se redresse face au vent. Le minuscule bout de voile en place se
met alors à fasseyer comme alcoolique Breton atteint de la maladie
de Parkison, provoquant des vibrations délirantes dans tout le
bateau, puis Bebert remet petit à petit Baluchon sur son cap qui
repart de plus belle affronter les vagues suivantes.
J'arrive à
développer une sorte de sixième sens, dès que je sens qu'on va se
prendre une nouvelle trempe et se coucher, je mets immédiatement les
pieds au plafond ce qui m'évite de me faire éjecter de ma
couchette.Tous les objets qui ne sont pas parfaitement amarrés sont
également catapultés sous les coups de butoirs, c'est de cette
façon que mon précieux couteau suisse, ma lampe frontale et mes
lunettes de lecture sont plus d'une fois envoyés valdinguer dans
l'immensité de la cabine, je mets à chaque fois des plombes pour
les retrouver en fouillant partout dans le bateau qui secoue comme un
dément.Coincé comme je peux sur ma couchette, j'essaye tant bien
que mal de continuer à avoir un semblant de vie "normale",
je passe mon temps entre, rêvasser, lire, manger froid et dormir,
quand j'arrive à avoir suffisamment d'électricité
pour ma tablette je mets en boucle "la grange" mon morceau
préféré de ZZtop, je trouve que ce bon vieux rock basique
s'accorde parfaitement aux conditions et au rythme de cette
traversée.
Au niveau lecture: J'arrive péniblement à terminer
voyage au bout de la nuit de Céline : trop noir et déprimant pour
moi, puis un Giono: pas mal, ça me dépayse de mon univers aquatique
les histoires d'hommes de la terre. Je relis aussi le vieille homme
et la mer, même question que lorsque je l'ai lu pour la première
fois à onze ans: pourquoi diable le vieil homme, pendant qu'il avait
encore son couteau, n'a pas débité le maximum de morceaux de
l'espadon avant de tout se faire piquer par les requins ? Suis je
trop terre à terre pour les allégories sociales ? Je remet aussi
sur le tapis Baudelaire que je n'avais pas encore réussi à
apprécier malgré de nombreuses tentatives, cette fois j'essaye de
lire à haute voix, debout, le buste sortant du capot, recevant des
paquets de mer en pleine gueule en retour, je déclame les vers à
l'océan, à quelques poissons volants et à des oiseaux de mer qui
on l'air de s'en foutre complètement, c'est peut être ça le secret
de la poésie, il faut être debout et avoir un public. mais pour
être honnête, le support n'est pas du tout adapté, lire de la
poésie sur une liseuse électronique ne peut pas vraiment apporter
de stupeur Stendalienne, chose à faire à la prochaine escale: se
procurer une version papier des fleurs du mal, je m'essaie également
à la philosophie histoire de ne pas trop passer pour un ignare si un
jour je croise un intello, j'attaque Nieitzsche, mais c'est totalement
incompréhensible pour moi, j'ai beau relire deux,trois,quatre fois
la même phrase je ne capte que dalle, qui peut comprendre ce genre
de texte? J'abandonne au bout d'une dizaine de pages et me rabats sur
des recueils de nouvelles de Bukowski, ce type est un génie.
En
passant au large de l'île Rodrigue à 450milles de l'arrivée, je me
rapproche de la côte pour pouvoir capter le réseau téléphonique,
mais rien que le fait de mettre un post et d'envoyer un message par
internet, je reçois immédiatement une facture de 50 euros, Bim !
Prend ça dans ta face! J'éteins illico et sans demander mon reste
mon téléphone, c'est sans doute le prix
à payer pour pouvoir donner des nouvelles, à priori mon tracker
n'envoyait plus de signal depuis un bon moment ça devrait rassurer
la famille et les potes.
En vue de l'île de la Réunion au bout de 77
jours de mer, je suis bien content,j'ai vraiment repoussé mes
limites et beaucoup appris sur moi même et sur lamer pendant cette
très longue étape.
Fresque réalisée par Eric Marech
Certes, il y a eu pas mal de journées bien
galères, mais dans l'ensemble à part l'épisode des batteries, je
n'ai pas rencontré de problème technique, j'ai eu assez de
nourriture, j'ai eu aussi assez d'eau en récupérant, en plus des
110 litres embarqué au départ une trentaine de litre d'eau de
pluie, plus une dizaine par le dessalinisateur manuel.
Arrivée au
port à la godille, pas mal de gens sont sur le quai pour
m'accueillir,c'est la première fois depuis le début de mon périple
que ça m'arrive, quelqu'un agite même un drapeau Breton, c'est trop
sympa, mais dès que je mets les pieds sur le ponton, mes jambes
arrivent à peine à répondre à mes ordres, j'ai un mal fou à
marcher droit, ça fout un peu la honte, tout le monde doit penser
que je suis complètement bourré et que j'ai abusé de la
mignonnette de rhum qu'on m'a offert au départ, Mais quelle mauvaise
image de la Bretagne je dois donner !?
Dès les formalité portuaires et
douanières effectuées, plein de gens font la queue sur le ponton
pour venir me parler et pour m'emmener quelques victuailles, ça me
fait tout drôle après tout ce temps tout seul en mer, cette escale
a la Réunion promet elle aussi d'être des plus agréable!
Tour du monde sur un bateau de 4 mètres. Yann Quenet : « Ma philosophie, c’est la sobriété »
Après avoir franchi l’Atlantique, le Pacifique et une bonne partie de l’océan Indien sur son voilier de 4 mètres, Yann Quenet prend un peu de repos à La Réunion où nous l’avons rencontré pour faire le point sur son aventure. Interview sur le ponton.